Les grandes manœuvres ont déjà commencé à Bangui qui se prépare au défi de la transition pour sortir de la situation chaotique et pallier le départ de l'ancien président, Michel Djotodia, démissionnaire depuis le 11 janvier. A deux jours de l'élection présidentielle, fixée à demain lundi, les paris sont lancés sur les chances de normalisation centrafricaine. Dans la capitale, marquée par le déploiement des contingents africains de la Misca (4.400 hommes) et des troupes française de la Sangaris (1.600 soldats), le retour à l'urne porte l'espoir de la stabilisation. La liste des candidatures, qui a été close, hier matin, est placée sous le contrôle du Conseil national de transition (parlement) qui a établi des critères draconiens de représentation barrant la route aux chefs des partis politiques, aux militaires en activité, aux responsables qui ont exercé pendant la période de Michel Djotodia et aux membres d'« une milice ou d'une rébellion armée durant les 20 dernières années ». A la veille de cette « présidentielle », une dizaine de candidats ont déposé leurs dossiers, dont la maire de Bangui, Catherine Samba Panza, mais aussi Sylvain Patassé et Désiré Kolingba, respectivement fils des anciens présidents Ange-Felix Patassé (1993-2003) et André Kolingba (1985-1993). Le sort du scrutin pourrait être compromis par la flambée de violences communautaires entre les milices musulmanes de la Séléka et des anti-Balaka de confession chrétienne. Le risque de génocide est sérieusement appréhendé par l'ONU. « Il y a tous les éléments que nous avons vus dans des endroits comme le Rwanda, la Bosnie, les éléments sont là pour un génocide », a déclaré, jeudi, le chef des opérations humanitaires de l'ONU, John Ging, en conférence de presse à Genève. Et même si le président français, François Hollande, souhaite un « apaisement », le scénario de l'effondrement complet du pays plane. « Il y a des violences un peu partout à Bouar (dans l'ouest, près de la frontière camerounaise), Sibut (160 km au nord de Bangui), Boali (dans le nord-ouest) », indique la Misca. L'épreuve de la sécurisation est donc vécue comme une gageure pour la seule Misca et l'armée française, présente notamment en force à l'aéroport de Bangui. La France, qui ne veut être seule dans le bourbier centrafricain, fait le forcing pour arracher l'aide européenne érigée en priorité par Hollande, lors du sommet en décembre consacré à la défense. Vers une intervention militaire européenne ? Au moment même où se tient l'élection présidentielle centrafricaine, l'option sera débattue par les ministres européens des Affaires étrangères.