L'intervention hier matin de soldats tchadiens contre des manifestants qui dénonçaient leur présence à Bangui a ajouté à la confusion qui règne en Centrafrique depuis des semaines. Ces soldats qui appartiennent à la Mission de l'Union africaine en Centrafrique (Misca) sont accusés d'avoir tué des manifestants qui défilaient dans les rues de Bangui contre leur présence mais aussi contre leur présumé soutien au Séléka, l'ex-rébellion à l'origine de ces tragiques évènements qui secouent le pays depuis près d'un an. Alors qu'une partie de la population s'est déjà montrée hostile à la présence de l'armée française sur son territoire, les tirs des soldats tchadiens n'ont fait qu'alimenter ce ressentiment contre toute présence étrangère en Centrafrique qui ne dispose, malheureusement pas de moyens pour mettre fin aux violences et protéger les Centrafricains des exactions commises par certains groupes armés, toutes tendances confondues. Les soldats étrangers, que ce soit français ou ceux de la Misca, éprouvent du mal à freiner ces combats qui se déclarent sporadiquement à travers la capitale, sans compter les violences signalées par les ONG et les médias à travers les régions isolées du pays où la guerre prend l'allure d'un conflit confessionnel entre les chrétiens et les musulmans qui composent majoritairement les anciens rebelles Séléka. De nombreux Centrafricains accusent les autorités tchadiennes de soutien matériel, financier et humains au Séléka qui ont renversé l'ancien président François Bozizé, en raison de son non-respect des accords de paix de 2009 et 2011. Des sources affirment en effet que plus de la moitié des éléments de la Séléka proviennent du Tchad ou du Soudan voisins, a rapporté Reuters. En mars déjà, le contingent tchadien avait été accusé d'être resté passif pour permettre aux éléments de la Séléka de renverser le président élu François Bozizé, un chrétien, et d'installer à la présidence de la RCA Michel Djotodia, l'un des leurs, de confession musulmane. Les effectifs de la Misca, qui opère à Bangui, comme les militaires français, en vertu d'un mandat du Conseil de sécurité des Nations unies, devraient passer à 6 000 soldats d'ici janvier. Bon nombre d'analystes soulignent toutefois leur manque d'efficacité qui pourrait obliger l'Onu à déployer une mission de maintien de la paix en bonne et due forme. Le Secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, prépare, dit-on, une proposition en ce sens. Lundi, le Premier ministre centrafricain, Nicolas Tiangaye, a tenu une conférence de presse pour confirmer le soutien de son gouvernement au déploiement des troupes françaises. La veille, un conseiller du président intérimaire, Michel Djotodia, s'était prononcé pour un départ des Français, accusés dimanche par des manifestants de ne désarmer que les Sélékas et de laisser les musulmans exposés aux représailles des milices d'autodéfense chrétiennes «anti-balaka». il faudrait peut-être laisser le Conseil de sécurité de l'Onu adopter une résolution qui permettra aux forces armées des Nations unies d'intervenir pour mettre en place un plan de transition politique à même de ramener les chrétiens et les musulmans à se réconcilier et éviter un autre génocide sur le continent africain. L. M./Agences.