Le Conseil de sécurité exhorte les pays à cesser le versement de rançons aux groupes terroristes contre la libération des otages et rappelle l'adoption du mémorandum d'Alger sur les bonnes pratiques en matière de prévention des enlèvements contre rançon. Cette résolution, la première consacrée spécifiquement à cette question, demande à tous les Etats « de réfléchir aux moyens d'empêcher les terroristes de profiter directement ou indirectement de rançons ou de concessions politiques et de faire en sorte que les otages soient libérés sains et saufs ». Car, explique la résolution, les rançons versées à des groupes terroristes constituent « l'une des sources de revenus qui viennent soutenir l'effort de recrutement mené par ces groupes », « renforcent leur capacité opérationnelle d'organiser et de perpétrer des attentats terroristes » et « encouragent la pratique des enlèvements contre rançon ». « Nous estimons que depuis trois ans et demi, les groupes affiliés à al-Qaïda et d'autres groupes islamistes extrémistes ont récolté au moins 105 millions de dollars », explique Mark Lyall Grant, l'ambassadeur britannique à l'ONU et initiateur de cette résolution. Selon des évaluations des Etats-Unis, les groupes d'activistes ont reçu 120 millions de dollars au cours des dix dernières années. K&R (Kidnap and Ransom), une assurance britannique, estime à 500 millions de dollars le montant des rançons versées chaque année et un milliard le montant brassé par cette industrie. L'instance suprême des Nations unies invite aussi, et pour la première fois, les Etats à coopérer avec les entreprises privées dont les employés sont pris en otages. Le texte leur demande « d'encourager les partenaires du secteur privé à adopter (...) les bonnes pratiques qui s'imposent pour prévenir les enlèvements terroristes ou y faire face sans verser de rançon ». Selon les observateurs, cette exigence est importante : les gouvernements des pays qui ont l'habitude de payer les rançons pour libérer leurs ressortissants contournent les interdictions des conventions internationales en chargeant des entreprises privées de verser ces rançons. « Le terrorisme sous toutes ses formes et dans toutes ses manifestations constitue, rappelle le Conseil de sécurité, une des menaces les plus graves pour la paix et la sécurité internationales et tous les actes de terrorisme sont criminels et injustifiables, quels qu'en soient le mobile et les auteurs ». « Il est impératif de le combattre par tous les moyens », souligne la résolution. « Chaque rançon payée à une organisation terroriste favorise de nouveaux enlèvements », déclare Samantha Power, ambassadrice américaine à New York. L'importance du mémorandum d'Alger Le mémorandum d'Alger sur les bonnes pratiques en matière de prévention des enlèvements contre rançon par des terroristes, adopté en avril 2012, et d'élimination des avantages qui en découlent, n'a pas été oublié. Le Conseil de sécurité engage la direction exécutive du comité contre le terrorisme à tenir compte de ce mémorandum, y compris pour ce qui est de faciliter le renforcement des capacités des Etats membres. Il est vrai que l'Algérie, soutenue notamment par les Etats-Unis et la Grande-Bretagne, s'emploie depuis des années à sensibiliser la communauté internationale sur la lutte contre le paiement de rançons. Dans le cadre de cette lutte, elle plaide particulièrement pour la criminalisation du versement de rançons en vue du parachèvement du dispositif légal international contre ce fléau. Le ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, a déclaré récemment que l'Algérie comptait persévérer dans ses efforts, en collaboration avec ses partenaires, pour parvenir au lancement rapide de nouvelles discussions à l'ONU sur l'adoption d'instruments et de mécanismes contraignants qui permettraient d'aller plus loin que ce qui est acquis dans la résolution 1904 du Conseil de sécurité. Selon Lamamra, « il est important que la coopération antiterroriste internationale adopte une approche d'ensemble » de la problématique du financement du terrorisme. D'autant que ce dernier fait jonction avec le trafic de drogue et d'autres manifestations du crime transnational organisé, générateur de ressources financières plus importantes. Preuve de la détermination d'Alger à mener ce combat à bout, une cinquantaine d'experts antiterroristes d'Europe, d'Afrique, d'Australie, d'Amériques du Nord et du Sud prendront part, du 4 au 6 février prochain, au siège du Centre africain d'étude et de recherche sur le terrorisme (CAERT), à une rencontre consacrée à la lutte contre les enlèvements aux fins d'obtention des rançons.