Tandis que l'opposition pro-occidentale exige une réforme constitutionnelle « urgente » dans l'espoir de réduire les pouvoirs des mains du président de la République, Viktor Ianoukovitch, ce dernier, tout écartant, à coup terme, la revendication de ses opposants, a évoqué, à la surprise générale, et contre toute attente, la possibilité d'élections anticipées. M. Ianoukovitch a expliqué que la réforme accordant davantage de pouvoirs au gouvernement et au Parlement pourrait prendre « jusqu'à six mois », préférant jouer la carte des urnes redoutée par les leaders de l'opposition. Le représentant du président au Parlement, Iouri Mirochnitchenko, a indiqué que le chef de l'Etat a évoqué ce scénario au cours d'une rencontre avec les députés de son parti la semaine dernière. Autre concession : « Le président pourrait se prononcer (sur le futur Premier ministre) la semaine prochaine », a indiqué, hier, le chef de la fraction parlementaire de son parti, Olexandre Efremov. Le précédent chef du gouvernement, Mykola Azarov, ayant démissionné le 28 janvier dernier. Le chef de l'Etat avait proposé à l'un des leaders de l'opposition, Arseni Iatseniouk, de diriger le gouvernement, mais celui-ci avait décliné cette offre. M. Ianoukovitch doit rencontrer, demain, son homologue et principal allié, le président russe, Vladimir Poutine, à l'ouverture des jeux Olympiques d'hiver de Sotchi, pour décider des actions à entreprendre pour régler la crise. Moscou accable l'opposition et ses alliés occidentaux. Le délégué aux droits de l'Homme du ministère russe des Affaires étrangères, Konstantin Dolgov, a fait savoir que son pays espère que les agissements et les actions de l'opposition ukrainienne qui tente d'établir « une dictature de la minorité » seront correctement évaluées par la justice du pays. Le responsable russe a indiqué que « les agissements de l'opposition allaient à l'encontre des valeurs européennes et de la démocratie ». M. Dolgov a également pointé du doigt les pays occidentaux pour leurs « critiques hystériques » du gouvernement et de la police les appelant a cesser de s'ingérer dans les affaires intérieures de l'Ukraine. Un appel auquel l'Union européenne ne semble pas prêter attention. La chef de la diplomatie de l'UE, Catherine Ashton, en visite, hier, à Kiev, a rencontré les leaders de l'opposition avant de s'entretenir avec le président ukrainien. Le vice-président américain, Joe Biden, a une nouvelle fois, appelé, mardi, M. Ianoukovitch au « dialogue » et au « compromis pour former un nouveau gouvernement capable de gagner la confiance des Ukrainiens ». « Ce sont les seuls moyens viables pour la paix et la stabilité en Ukraine », a-t-il insisté lors d'un entretien téléphonique avec le chef d'Etat ukrainien. M. Biden a invité le président « à saisir toutes les occasions (...) pour trouver une solution politique à la crise ». Cela comprend, selon le numéro 2 de la Maison Blanche, « le retrait de la police antiémeute, la libération des manifestants et la poursuite des personnes responsables des attaques et des violences à l'encontre des journalistes et des manifestants ».