Un millier de manifestants ont bloqué hier l'accès au siège du gouvernement ukrainien à l'appel de l'opposition qui réclame la démission du président Viktor Ianoukovitch. Le Premier ministre Mykola Azarov a répliqué en estimant que ces rassemblements ressemblaient à "un coup d'Etat". Les chefs de l'opposition ont appelé dimanche à la grève générale, mais il était difficile lundi de savoir dans quelle mesure elle était observée, dans un pays partagé entre l'Ouest nationaliste, tourné vers l'Europe, et l'Est russophone orienté vers Moscou. D'abord silencieux, le gouvernement a haussé le ton en début de soirée. Le Premier ministre Mykola Azarov a estimé que ces manifestations, "incontrôlables" et au cours desquelles les instigateurs utilisaient des "méthodes illégales", ressemblaient à "un coup d'Etat". "Une mauvaise paix vaut mieux qu'une bonne guerre", a déclaré de son côté Viktor Ianoukovitch. La Maison-Blanche a répliqué que les manifestations actuelles ne constituaient pas à ses yeux un coup d'Etat, et qualifié d'"inacceptable" la répression des protestataires par la police.
Campements de fortune Sur la place de l'Indépendance, des manifestants avaient à nouveau établi des campements de fortune lundi. Certains jeunes portaient des masques et cagoules, comme les manifestants engagés dimanche dans des affrontements qui ont fait 190 blessés en marge de la manifestation, selon un dernier bilan communiqué lundi. Non loin, des manifestants bloquaient le principal accès au siège du gouvernement. Les chefs de l'opposition se trouvent renforcés par le succès de la mobilisation de dimanche, qui a aussi rassemblé des dizaines de milliers de personnes dans d'autres villes du pays. L'opposition a exigé que le Parlement mette à l'ordre du jour de mardi un vote de défiance au gouvernement. "Première chose : la démission du cabinet Azarov-Ianoukovitch, et puis la fin des répressions politiques en Ukraine, la libération de Ioulia Timochenko et des militants emprisonnés", a déclaré l'un des chefs de l'opposition, Arseni Iatseniouk.
Appel à la retenue L'Union européenne a appelé les autorités, mais aussi l'opposition, au calme et à la retenue. Elle s'est mise d'accord avec Kiev pour mener des consultations sur la mise en œuvre de l'accord d'association. La mobilisation de l'opposition a été provoquée par la volte-face du pouvoir ukrainien qui a soudainement suspendu fin novembre la signature de cet accord pour se tourner vers la Russie.