Les Nigériens dénoncent le refus du groupe nucléaire français Areva, qui exploite, depuis plus de 40 ans, les gisements d'uranium d'Arlit, dans la région d'Agadez, de se conformer à la législation de leur pays. « En dépit de sa bonne santé financière, Areva refuse toujours d'appliquer la législation minière en vigueur » au Niger, dénonce Ali Idrissa, le coordonnateur du Réseau des organisations pour la transparence et l'analyse budgétaires. A noter que plusieurs centaines de personnes ont exprimé jeudi leur colère devant l'Assemblée nationale à Niamey, lors d'un meeting organisé par une cinquantaine de structures de la société civile unies au sein d'un regroupement pour la défense des intérêts du Niger. Niamey souhaite qu'Areva soit soumis au code minier de 2006, qui porte le taux de redevance minière de l'Etat nigérien jusqu'à 12% de la valeur des ressources extraites, en fonction des profits, contre 5,5% actuellement. Le géant minier, qui refuse de se soumettre à cette législation, évoque la chute du prix de l'uranium. Comme pour montrer qu'il est le maître des lieux, le groupe français, qui extrait 40% de sa production au Niger, a décidé pendant un mois (du 1er au 31 janvier) de suspendre les activités de ses filiales Somaïr et Cominak, faute d'accord avec le gouvernement nigérien. La rue nigérienne, qui a mal pris cette décision « cavalière », a exigé la publication de l'audit de l'exploitation de l'uranium au Niger, le retrait pur et simple du permis d'Imouraren et son reversement au patrimoine national. Le gouvernement français, propriétaire de 80% d'Areva, qualifie de « légitimes » les revendications nigériennes. Même Areva peut dire « oui c'est légitime » et, en même temps, dire « mais on ne peut pas vous donner ce que vous demandez », estime Moussa Tchangari, le président de l'ONG Alternative espace citoyen. Le Niger, quatrième producteur mondial d'uranium, pointe, année après année, en dernière position en termes d'indice de développement humain, selon l'ONU. Considéré comme l'un des pays les plus pauvres au monde, il manque cruellement de ressources pour financer son développement. Selon l'ONG Oxfam, Niamey a perçu, entre 1971 et 2010, 459 millions d'euros, soit 13% de la valeur totale des exportations d'uranium évaluées à 3,5 milliards d'euros.