Manque de projets de développement ou propagation de fléaux sociaux, les avis des Ghardaouis restent mitigés quant à l'origine des douloureux incidents survenus récemment dans leur wilaya, mais tous s'accordent à dire qu'ils « sont loin de revêtir un caractère communautaire ou doctrinal ». Mohamed Tounsi, un notable ibadite du K'sar d'Atemlichet Melika, estime que ces incidents « revêtent un caractère complexe et nous ne connaissons pas encore les véritables causes », ajoutant que « ceux qui ont contribué au déclenchement de ces incidents sont des ennemis du pays qui avaient préparé le terrain en semant haine et rancœur parmi les jeunes ». « Des rumeurs tendancieuses avaient précédé ces incidents, ce qui a attisé les tensions entre habitants », a-t-il précisé, récusant par la même que « ces actes soient motivés par une pseudo rancœur entre les communautés ibadite et malékite ». « Ce sont les barons de la drogue et du crime qui sont derrière ces incidents », a-t-il estimé. De son côté, Brahim Bahaz, un autre notable ibadite du K'sar de Ghardaïa, estime que la propagation des actes de violence parmi les jeunes « est motivée en grande partie par le trafic de drogue, notamment dans les grands quartiers de la ville ». M. Bahaz, enseignant universitaire, a souligné que « les appels séparatistes et à l'intervention étrangère ne sauraient émaner des enfants de Ghardaïa, plus particulièrement des ibadites, et ceux qui lancent de tels appels sont loin de représenter les Mozabites ». Le représentant des notables du K'sar de Ghardaïa a écarté la thèse selon laquelle « ces incidents sont le fait d'instigateurs étrangers, car si c'était le cas, ils auraient perduré ». « La majorité des jeunes Ghardaouis sont insatisfaits des projets de développement réalisés dans leur wilaya, mais cela n'a jamais été pour eux un motif de révolte à même de porter atteinte à l'unité nationale et à la stabilité du pays », estime Bouameur Bouhafs, représentant de la communauté malékite. Bouameur, qui écarte l'implication de parties extérieures dans ces incidents, pense que « les instigateurs de ces incidents voulaient porter atteinte à l'unité nationale », niant, toutefois, que des différends confessionnels entre ibadites et malékites soient à l'origine de ces incidents. Toutefois, il a dénoncé la profanation du mausolée de Ami Moussa au cimetière Ami Saïd. Kara Omar Bakir et Mohamed Boukhari, députés de la wilaya de Ghardaïa, ont qualifié de « complexes » les incidents survenus dans cette wilaya, soulignant la nécessité de poursuivre les efforts de développement pour asseoir les bases de la stabilité dans la région.