En recevant, hier, à la Maison-Blanche, son homologue français, François Hollande, le président américain a haussé le ton, déclarant « se réserver le droit de procéder à une opération militaire en Syrie si les moyens diplomatiques de régler la crise qui secoue le pays s'avéraient insuffisants », et surtout « pour la sécurité nationale ». Néanmoins, Obama veut agir de façon prudente. Comme ce fut le cas, a-t-il expliqué, pour les armes chimiques, « où nous avons vu un exemple d'utilisation prudente et pragmatique de la possibilité même d'un recours à la force ». « Nous avons, aujourd'hui, un mandat de l'Onu, et si ces efforts échouent, il y aura des conséquences », a-t-il averti, exhortant la Russie à « pousser Damas » à respecter l'accord de l'automne qui prévoit le démantèlement de l'arsenal chimique syrien. Cette démonstration de force intervient alors que la responsable de la mission de supervision du démantèlement de l'arsenal chimique syrien, Sigrid Kaag, a appelé le gouvernement syrien à accélérer ses efforts, se disant « confiante » quant au respect du calendrier de la destruction de cet armement, à la mi-2014. Mais selon le président US, le règlement définitif de la crise syrienne doit se faire par des moyens politiques. « A l'heure actuelle, nous estimons qu'il n'y a pas de solution militaire à ce problème. Pourtant, la situation est très instable, et nous envisageons toujours chaque option possible en vue de régler ce conflit », a-t-il fait savoir. A Genève, les délégations du gouvernement et de l'opposition syriens se sont retrouvées, pour la troisième fois, hier, pour une nouvelle réunion avec le médiateur des Nations unies et de la Ligue arabe pour la Syrie, Lakhdar Brahimi. Un peu plus tôt, le diplomate algérien s'est entretenu avec le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Guennadi Gatilov. Soucieuse de débloquer l'impasse actuelle, l'ONU a annoncé que la réunion programmée, demain, entre MM. Brahimi, Gatilov et la secrétaire d'Etat adjointe, Wendy Sherman, a été avancée. Elle aura lieu aujourd'hui. Faisant un constat d'impuissance suite au désaccord absolu entre l'opposition et le gouvernement sur l'agenda des pourparlers, M. Brahimi souhaite une plus grande implication internationale pour obliger les deux délégations à avancer dans le dialogue. Ainsi, M. Gatilov a indiqué que la Russie allait bientôt présenter au Conseil de sécurité un projet de résolution sur la lutte contre le terrorisme en Syrie. La délégation gouvernementale syrienne faisant de cette lutte contre le terrorisme sa priorité lors des discussions. A l'ONU, les ambassadeurs des 15 pays du Conseil de sécurité ont eu, hier, un premier échange de vues informel autour d'un projet de résolution occidental et arabe sur la situation humanitaire en Syrie auquel la Russie reste hostile. Occidentaux et Russes sont restés sur leur position et les discussions doivent se poursuivre au niveau des experts. Par ailleurs, le ministre russe des Affaires étrangères Serguei Lavrov et ses homologues du Conseil de coopération du Golfe (CCG) discuteront, le 18 février prochain, lors d'une rencontre, à Koweït, de la crise syrienne.