L'Algérie compte environ 3 millions de personnes handicapées, soit 10% de sa population. L'une des revendications de cette catégorie est l'accessibilité aux différents services pour vivre et travailler de façon autonome et jouir de ses droits fondamentaux. C'est le thème de la rencontre organisée, dernièrement, par Handicap International à l'hôtel le Beau Fayet (Alger). Rahima Chahih, chef du projet « éducation inclusive » à Handicap International, a expliqué qu'il est plus que « primordial de contribuer au renforcement et à la généralisation de l'accès des enfants handicapés au système éducatif en Algérie ». Un projet relatif à l'accessibilité notamment en matière d'éducation a déjà été lancé. Trois associations travaillent sur cette thématique depuis 6 mois. Selon cette responsable, « l'objectif est d'établir des diagnostics locaux sur les obstacles à l'accès à l'éducation en milieu ordinaire des enfants handicapés afin de définir une politique appropriée et conforme aux besoins ». Des actions de sensibilisation et de formation spécifique à destination des enseignants et des acteurs du système éducatif algérien (ministères, directeurs d'école, centres spécialisés, milieu paramédical, fédérations des parents d'élèves, etc) sont menées. Elles participent au changement général de la perception du handicap. Le projet développe aussi des activités d'adaptabilité de l'environnement scolaire (notamment en termes de transport et d'accessibilité des lieux et de l'information et d'adaptations pédagogiques) afin que les obstacles à la scolarisation des enfants handicapés soient bien pris en compte et puissent être levés. Dans cette optique, l'Apimc (Association des parents d'enfants infirmes moteurs d'origine cérébrale de Sétif), l'Ahla (Association de personnes handicapées et de leurs amis de la daïra de Bouzeguène) et celle de Bejaïa se sont engagées dans plusieurs activités qui viennent en continuité du projet de Handicap International. Impliquer associations et pouvoirs publics Selon Mohammed Kentache, président de l'Apimc, la wilaya de Sétif compte 880 enfants IMC. Souffrant d'une lésion qui touche le cerveau en pleine croissance, ces enfants ont besoin d'une prise en charge et d'un encadrement très particuliers. Dans ce contexte, le même responsable a indiqué que le but de son association est « d'aviser et d'informer les pouvoirs publics pour assurer les moyens et les commodités nécessaires à cette frange de la population, lutter contre toutes causes à l'origine de cet handicap et former des enseignants et des auxiliaires de vie ». « Une commission pour l'accessibilité impliquant le département de l'architecture de l'Université de la wilaya de Sétif et les institutions concernées est actuellement opérationnelle », a-t-il souligné. Selon le même responsable, en termes d'éducation, une école pilote a été réalisée avec un équipement de base pour permettre la scolarisation de ces enfants aux besoins spécifiques. « Vu le succès enregistré en termes d'accessibilité à l'école, cinq autres établissement ont été ouverts », s'est-il félicité. Et d'ajouter que « l'accessibilité est un indice de développement de la société. » De son côté, Atika Mammeri, présidente de la Fédération nationale des handicapés moteurs, a mis en relief la nécessité d'impliquer toutes les associations et les collectivités locales dans la prise en charge des personnes aux besoins spécifiques. Elle a insisté sur l'importance des services de l'action sociale des APC dans le recensement des handicapés, ceux des localités enclavées notamment, pour leur assurer une meilleure prise en charge. Evoquant les difficultés auxquelles sont confrontés les handicapés, l'intervenante a parlé du problème d'accessibilité. Selon elle, « les personnes handicapées sont confrontées à une discrimination directe ou indirecte dans leur vie quotidienne ». « Les lieux dits publics sont totalement inaccessibles aux personnes souffrant d'un handicap physique en dépit du fait que l'accès soit parfois garanti par la loi », a-t-elle fait remarquer.