L'armée et la police se rangent du côté du peuple. La première assure qu'elle ne retournera pas ses armes contre le peuple. « Les forces armées restent les protecteurs du peuple ukrainien et leur déploiement à l'intérieur du pays s'est concentré sur les installations et équipements militaires », dit-elle dans une déclaration. La seconde se déclare « être au côté du peuple » avec lequel elle « partage entièrement ses aspirations aux changements rapides ». Dans un communiqué publié au nom de l'ensemble des effectifs du ministère de l'Intérieur, elle « rend hommage aux morts » dans les violences de cette semaine à Kiev et demande aux citoyens de « s'unir pour protéger la sécurité du pays ». La majorité parlementaire a basculé du côté de l'opposition. Membre du Parti des régions, la formation de Viktor Ianoukovitch, Vladimir Ribach, l'actuel président, a démissionné hier matin. Olexandre Tourtchinov, le bras droit de Loulia Timochenko - l'opposante condamnée en 2011 à sept ans de prison pour abus de pouvoir -, a été élu hier par 288 voix sur 450. Arsen Avakov, un autre proche l'ancienne égérie de la Révolution orange pro-occidentale, a été désigné ministre de l'Intérieur par intérim. Le Parlement qui a adopté un retour à la constitution de 2004 par 325 députés, a approuvé enfin une résolution pour libérer « immédiatement » Ioulia Timochenko. L'opposition qui a obtenu vendredi des concessions majeures du pouvoir (présidentielle anticipée, formation d'un gouvernement de coalition et retour à la Constitution de 2004) revoit à la hausse ses exigences. « Nous exigeons une présidentielle anticipée d'ici au 25 mai », déclare Vitali Klitschko, l'un des principaux chefs de file, demandant au Parlement de lancer une procédure de destitution du président Viktor Ianoukovitch. Un vote pour élire son remplaçant serait envisagé. Le président ukrainien qui a mis le feu aux poudres, fin novembre en refusant de signer un accord d'association avec l'Union européenne, prend conscience de son fin de règne. Même son camp s'effrite. 40 députés ont quitté son parti. Comme première mesure, il se rend à Kharkiv, dans le nord-est, son fief pour pouvoir adresser un discours à la nation. Certains analystes lui prêtent l'intention d'annoncer sa démission. Hasard du calendrier, un congrès des régions pro-russes s'est ouvert hier matin dans cette ville industrielle. Près de 4.000 délégués participent à ce congrès dont le but est d'« éviter un bain de sang dans les régions », indique le gouverneur de la région Mikhaïlo Dobkine en ouvrant la réunion. Mais à Maidan, la place de la Révolution, il n'y a pas que ceux qui cherchent à renverser Ianoukovitch pour faire naître un pays « à l'européenne » ; il y a aussi des ultras, des extrémistes, des néo-nazis qui veulent dé-russifier violemment le pays. Face à ceux là, il y a les panrusses. Ils seraient prêts à faire sortir l'Est et le Sud de l'Ukraine pour créer une Ukraine sur le modèle de la Biélorussie ?