A l'instar d'autres marchés informels de la capitale, celui de Bachdjerrah n'existe plus depuis hier matin. Les forces de l'ordre se sont installées dans tous les coins à proximité du marché de légumes où les vendeurs à la sauvette ont l'habitude de proposer leurs marchandises à bas prix. «Ils ont été prévenus à l'avance», nous indique-t-on sur place. Les citoyens que nous avons rencontrés n'ont pas caché leur satisfaction. «Les policiers nous ont rassurés qu'ils resteront sur place jusqu'à ce que le problème soit réglé». Pour un autre, c'est le grand soulagement, «on est heureux de ne plus les voir squatter les ruelles et les trottoirs». Comme les autres habitants du quartier, il ont pendant des années été otages du marché informel. Du matin au soir, on ne pouvait rouler en voiture même pour faire sortir une mariée, un malade ou un mort. «Dans notre propre quartier, on est condamné au diktat des marchands ambulants. Sans leur consentement, rien ne peut passer», ajoute-t-il. Les autorités locales ont compris les désagréments par ce marché informel. Le premier vice-président de l'APC de Bachdjarah, Abdessalem Maïfi, met le point sur d'autres répercussions. Il cite à titre d'exemple les impôts que les commerçants sortis eux aussi à la rue ne payaient plus, les déchets jetés et bien d'autres nuisances. Pour toutes ces raisons, «les locataires du quartier ont déposé plusieurs requêtes au niveau de l'APC et plusieurs altercations ont lieu entre les habitants et les squatteurs de leurs ruelles», rappelle-t-il. Malgré cela, il fallait aussi régler le problème des vendeurs ambulants dont un bon nombre sont des citoyens de la commune. Auparavant, leur déplacement vers le marché de proximité de Oued Ouchaïh n'a pas marché à cause de l'éloignement et du nombre limité des bénéficiaires. Après cet échec, les autorités locales ont décidé de réaménager l'ancienne école moyenne (CEM) du quartier «Les Palmiers» en marché. Ce lieu peut intéresser les vendeurs ambulants puisqu'il est non seulement à quelques centaines de mètres du marché de légumes mais il est sécurisé puisqu'il existe un commissariat juste à côté. «Le seul problème c'est qu'il ne peut contenir que 500 tables alors que le recensement effectué par les services de l'APC a donné un chiffre beaucoup plus important», indique le premier vice-président. Néanmoins, ce responsable promet de créer un espace pour d'autres vendeurs notamment après le relogement des habitants du quartier «Les Palmiers», une opération qui s'inscrit dans le cadre du programme de l'éradication du vieux bâti. Pour sa part, la Direction du commerce promet de couvrir le nouveau marché en charpente métallique. Pour le moment, l'APC a commencé à convoquer les bénéficiaires à partir de dimanche dernier. Les concernés doivent se présenter au siège de l'APC munis de la convocation et de la pièce d'identité. Une carte de bénéficiaire et le numéro de la table au sein de l'ancien CEM aménagé en marché leur seront munis. M. Maïfi affirme que la commission chargée de l'opération les a choisis selon des critères justes, à commencer par l'ancienneté et la résidence dans la commune de Bachdjerrah. Les élus ont essayé de convaincre les délégués des protestataires venus réclamer sans même savoir s'ils sont parmi les bénéficiaires ou pas.