Thabo Mbeki, le chef du Groupe de mise en œuvre de haut niveau de médiation de l'Union africaine, espère voir le SPLM-N (branche nord du Mouvement populaire de libération du Soudan, ex-rébellion sudiste emmenée par Yasser Arman) participer au dialogue national sur l'avenir du pays. El Béchir, qui a appelé, fin janvier dernier, à un large dialogue national, incluant les rebelles armés, a réitéré, mardi dernier, à l'ex-président sud-africain, deux choses. L'engagement de son pays pour parvenir à la paix dans les zones du Nil-Bleu et du Kordofan-Sud touchées par l'insurrection et son désir d'« accélérer le processus de paix ». Arnu Ngutulu Lodi, le porte-parole du SPLM-N, a affiché, lui aussi, sa volonté d'aller de l'avant. « Les rebelles sont prêts à participer aux discussions d'Addis-Abeba », dit-il. Toutefois, il estime que les pourparlers sur le Kordofan-Sud et le Nil-Bleu devraient se produire dans « un cadre national ». Autrement dit, sans médiation ou ingérence étrangère. Pour lui, comme pour beaucoup d'experts, le conflit dans ces deux Etats du Sud est comparable à celui du Darfour (ouest). « Pour être traité, il a besoin, soutient-il, d'un dialogue national global et inclusif, et d'une réforme constitutionnelle ». « Nous espérons que, cette fois, nous serons en mesure de trouver une solution qui mette fin au conflit dans ces deux zones », éclipsé par la guerre au Sud-Soudan, déclare Mbeki qui encourage ce processus politique d'unité au Soudan. Pour donner davantage de consistance et de poids à ce dialogue, le médiateur africain envisage de rencontrer des partis politiques et des ONG. Au Soudan du Sud, la situation n'est pas meilleure. Si les Nations unies peinent à convaincre les parties à respecter l'accord de cessez-le-feu, la population en pâtit. Selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies, 872.900 personnes ont été déplacées depuis le 15 décembre dernier. Et comme le début de la saison des pluies est dans moins de deux mois, il y a fort à craindre. Le dialogue annoncé, le président Salva Kiir et son rival, Riek Machar, le vice-président limogé en juillet dernier, peine à démarrer. Même si la rivalité politique entre les deux hommes qui ont signé un éphémère cessez-le-feu, le 23 janvier, a pris une tournure ethnique : plusieurs massacres à caractère communautaire opposant les deux principales tribus du pays, les Dinka de Kiir et les Nuer de Machar, ont été dénoncés. Médecins sans frontières dénonce depuis, hier, des cas de « patients tués dans leurs lits, d'unités de soins rasées par les flammes ». Les pays voisins de Juba s'inquiètent et mettent en garde.