La Chine serait-elle en passe de connaître à son tour une déstabilisation comme c'est actuellement le cas pour la Russie avec la crise de Crimée ? S'il est encore tôt de le dire, force est néanmoins de voir dans l'attaque menée, samedi dernier, par des terroristes ouïghours, selon Pékin, des visées similaires. Après des mois d'accalmie, le nord-ouest de l'Empire du Milieu, dans la province du Xinjiang, fief de la minorité musulmane turcophone (qui se dit victime d'une politique répressive à l'égard de leur religion, de leur langue et de leur culture) renoue avec la violence. Des assaillants armés de couteaux ont tué 29 personnes et blessé 130 blessés dans une gare de Kunming, capitale de la province Des victimes et des témoins ont raconté que les agresseurs, vêtus de noir, le visage encagoulé, avaient fait irruption dans la gare, poignardant les voyageurs qui faisaient la queue pour se procurer un billet. La police a abattu 4 assaillants. Craignant une flambée de violence, les autorités du pays ont vite réagi. Le président chinois Xi Jingping a appelé à « redoubler d'efforts » pour mener l'enquête et punir les assaillants « conformément à la loi ». Le numéro un de la sécurité publique, Meng Jianzhu, est arrivé, hier, à Kunming pour superviser l'enquête après s'être rendu sur les lieux de l'attaque. Le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, a fermement condamné l'attaque en appelant à juger les auteurs. Les attaques au couteau et à l'explosif sont devenues régulières depuis plusieurs années au Xinjiang mais une opération de cette envergure est la première jamais conduite en dehors de la région située dans l'extrême nord-ouest de la Chine, à 1.600 kilomètres du Yunnan. Selon des observateurs, l'aversion des Chinois pour ce crime pourrait justifier aux yeux de l'opinion publique une vaste opération de répression et pousser les dirigeants chinois à s'affranchir avec bonne conscience des critiques internationales qui reprochent à Pékin de faire montre de discrimination à l'encontre de ses minorités au Xinjiang ou au Tibet.