Des assaillants armés de couteaux ont tué 29 personnes, samedi soir dans une gare du sud-ouest de la Chine. Une attaque «terroriste» selon Pékin, qui désigne les séparatistes ouïghours. Survenue à quelques jours de l'ouverture de la session annuelle du Parlement chinois, l'attaque a également fait plus de 130 blessés, selon l'agence Chine nouvelle. Des victimes et des témoins ont raconté que les agresseurs, vêtus de noir et le visage dissimulé, avaient fait irruption dans la gare de Kunming, capitale de la province du Yunnan, poignardant les voyageurs qui faisaient la queue pour se procurer un billet. Des photos publiées sur les réseaux sociaux chinois, mais dont l'authenticité ne pouvait être vérifiée, montrent des corps alignés sur le sol de la gare, d'autres gisant dans une mare de sang alors que des secouristes s'affairaient. La police a abattu au moins quatre des assaillants et était à la poursuite des autres, ont affirmé les médias officiels. Le gouvernement local a attribué l'attaque aux séparatistes ouïghours de la province du Xinjiang (nord-ouest), musulmans turcophones qui se disent victimes d'une politique répressive à l'égard de leur religion, de leur langue et de leur culture de la part des Han, ethnie fortement majoritaire de Chine. D'autres photos publiées sur le portail d'informations 163.com ont montré ce qui serait un assaillant allongé sur un brancard sous la surveillance de policiers. Chine nouvelle, citant les autorités, a évoqué «une violente attaque terroriste organisée et préméditée» par des «individus non-identifiés armés de couteaux». La chaîne de télévision publique Cctv a également qualifié l'attaque de «terroriste» sur le site de microblogs Weibo. Un témoin interrogé par The Beijing News sur son site internet a dit avoir vu deux femmes en noir se diriger vers la gare peu avant le drame. Les forces de l'ordre ont établi une vaste zone de sécurité autour de la gare et la police continuait d'interroger des témoins de la scène. Les assaillants portaient les mêmes vêtements de couleur noire, a indiqué pour sa part l'agence China News Service, citant des témoins. De nombreuses personnes s'étaient rassemblées à l'extérieur de la gare parmi les policiers et le personnel médical. Selon un autre témoin, certains des attaquants avaient le visage caché. Les heurts sont fréquents entre habitants du Xinjiang et forces de sécurité mais les attaques contre des civils y sont rares et plus rares encore en dehors de la région, distante de 1 600 km du Yunnan. En octobre dernier, Pékin avait été le théâtre d'un attentat commis, selon la police, par des extrémistes ouïghours, premier cas connu de violence imputé à cette minorité dans une autre région que la sienne. Trois Ouïghours d'une même famille avaient péri en précipitant leur voiture chargée de bidons d'essence contre l'entrée de la Cité interdite. Une attaque-suicide qui avait fait également deux morts et 40 blessés dans la foule autour. Le président chinois Xi Jingping a appelé à «redoubler d'efforts» pour mener l'enquête après la tuerie de Kunming et pour que les assaillants soient punis «conformément à la loi», a indiqué Chine Nouvelle. Meng Jianzhu, «premier flic» de Chine, est arrivé dimanche matin à Kunming pour superviser l'enquête et s'est rendu sur les lieux de l'attaque. Le Secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, a condamné «dans les termes les plus forts» une «terrible attaque contre des civils». «Rien ne peut justifier le meurtre de civils innocents», a-t-il ajouté en espérant «que les responsables soient traduits en justice».