Tout le quartier d'Alger-Centre avoisinant la wilaya d'Alger a vécu, par l'amplification de la sonorisation, le captivant concert donné lundi dernier en début de soirée par le groupe musical Mouss et Hakim. Le concert se déroulait dans les jardins du Centre culturel français. Par la chaude ambiance créée par cette fête de la musique, c'étaient les longues soirées de l'animation du mois de Ramadhan qui se poursuivaient, alors que celui-ci a pris fin il y a déjà une semaine. C'est que les chanteurs à la tête du groupe, Mouss et Hakim sont incomparables pour la création d'une ambiance aussi vivante et entraînante. Mouss et l'abréviation de Mustapha. Il est le frère de Hakim. Ils ont presque le même âge. Un an seulement les sépare. Sur scène, ils se déchaînent par un déferlement d'énergie. Ils chantent, ils dansent, ils participent à la puissance des rythmes en utilisant un instrument de percussion installé que pour eux. Et surtout, tous ces mouvements et cette musique chantée concordent à un seul objectif, celui de partager intensément avec le public cette joie et ce bonheur de rythmes forts musicaux accompagnés d'un texte intelligent. Pour les rythmes, le groupe est doté de musiciens d'un talent hors du commun. En plus des puissantes mesures de Julien Costa à la batterie, ces rythmes sont accentués par les accorts d'une haute sonorité de trois instruments à corde, deux guitares et un mandole. C'est Rachid Benallaoua, natif de Béjaia qui joue de ce dernier instrument. Sublime dans son jeu, d'un naturel et d'une dextérité qui suscitent l'admiration, Rachid Benaalaoua introduit cette touche musicale bien de chez nous, rendant encore plus familières cette musique et ces chansons que Mouss et Hakim partagent avec ce public algérois. Si ces deux frères veulent faire apprécier la joie de leur musique, ils demandent aussi à ce public d'écouter leurs textes. Sans appartenir à la sphère de la chanson engagée, Mouss et Hakim s'évertuent à passer des messages. Ils sont ainsi contre la discrimination et le racisme et leurs arguments sont teintés d'objectivité, de sagesse et aussi d'humour. Sur ce thème, ils aiment bien se référer à un illustre ancêtre qui les a précédé, le légendaire chanteur Slimane Azzem. Dans leur répertoire, ces deux frères ont adapté plusieurs de ses chansons. Dans leur concert d'Alger, ils ont interprété un des titres de Slimane Azem, le rendant fort captivant avec l'association en duo de leur voix et l'accompagnant d'une musique attrayante, savamment arrangée et instrumentalisée par Rachid Benallaoua jouant alternativement de la flûte et du mandole. Mouss et Hakim sont allés encore plus loin dans la nouvelle vision de notre patrimoine musical. Ils y ont introduit la couleur de la haute poésie. Ils ont donné un aperçu en chantant ensemble devant le public d'Alger un texte fort émouvant de Lounès Aït Menguellet portant le titre de Teltiyat où le poète cultive les sources et les racines profondes du terroir. Mouss et Hakim voulaient, dans leur programme de chansons de ce concert, donner une image complète de la musique algérienne. Ils ne pouvaient le faire sans omettre la chanson chaabie. Aussi, l'hommage a été rendu à Dahmane El Harrachi avec l'interprétation de son succès, El Assima, revue et stylisée par les forts rythmes du groupe musical Mouss et Hakim, merveilleusement harmonisée par les sons suaves de l'accordéon et les notes nostalgiques du mandole de Rachid Benallaoua.