Les livres scolaires constituent en cette époque de l'année le souci majeur des parents ayant des enfants scolarisés. Entre disponibilité et rupture de stock, ces derniers ne savent plus à quel saint se vouer. En effet, avant-hier, au niveau du point de vente de manuels scolaires du boulevard Zirout Youcef, nombreux les parents qui voulaient acheter des livres scolaires. Il était à peine 11 heures du matin lorsqu'une longue file s'était déjà formée devant ce magasin spécialisé. Hommes et femmes attendaient leur tour. Pour ceux qui sont parvenus au comptoir, c'est la bousculade. Il aurait fallu l'intervention d'un vendeur pour que l'intérieur de ce point de vente renoue avec le calme. Chacun voulait pendre les livres en premier. c'est le cas de Habiba, une mère de famille, venue de Bab El-Oued pour acheter des livres à ses trois enfants scolarisés. Celle-ci attendait son tour depuis plus d'une heure. «Ce n'est pas temps perdu dans la mesure où les manuels scolaires sont disponibles», dira-t-elle. Habiba a deux enfants dans le cycle primaire alors que l'aîné est passé en classe terminale. Fonctionnaire de son état, cette femme redoute les prix des livres. C'est le même cas pour la plupart des parents rencontrés. Interrogés sur les raisons qui les ont poussés à se présenter aux différents points de vente, ces derniers ont révélé que les prix des livres proposés au niveau des établissements scolaires sont plus élevés par rapport à ceux proposés dans les magasins spécialisés. Les raisons ? Certains parents n'hésitent pas à pointer du doigt la mauvaise gestion de certains établissements scolaires dont le personnel agit contre les indications de la tutelle. En effet, selon un vendeur au niveau du point de vente du boulevard Zirout Youcef, des parents ont fait le même constat. Au niveau de son magasin, les prix des livres du cycle primaire sont proposés entre 20 et 85 DA l'unité à partir de la deuxième année primaire. Pour le cycle moyen, le trousseau complet composé principalement de 10 à 11 livres, le prix oscille entre 1600 et 2000 DA. Quant aux livres de terminale, leur prix ne dépasse pas les 300 DA l'unité. Selon notre interlocuteur, pour le cycle primaire et terminale, les livres sont disponibles. «Le déficit est enregistré dans le cycle moyen», a-t-il relevé. Et de poursuivre dans la même lancée : «Pour l'instant, nous avons les livres d'histoire, de géographie, de français et de l'éducation civile qui sont disponibles pour le moyen». Cela étant dit, le même responsable a écarté l'idée d'une pénurie, encore moins celle d'une rupture de stock. «Nous attendons l'appel de l'Office national des publications scolaires qui est notre principal distributeur», a-t-il rassuré. Pour rappel, tout comme les années précédentes, les livres seront gratuitement distribués pour les élèves inscrits en première année et ceux du préscolaire. Les enfants des enseignants et ceux issus de familles nécessiteuses bénéficieront du même traitement. Quant à l'Office national des publications scolaires (ONPS), il sera, selon notre interlocuteur, en mesure de couvrir 100% des besoins et se targue d'avoir toujours des manuels en stock. «Il faut juste espérer que les circuits de distribution fonctionneront bien», a-t-il précisé. LES LIVRES D'OCCASION TRÈS PRISÉS PAR LES PETITES BOURSES Les petites et moyennes bourses ont opté pour le troc. En effet, la plupart des élèves font des échanges pour éviter à leurs parents des dépenses supplémentaires. D'autres revendent les livres de l'année précédente à moitié prix pour acheter ceux dont ils ont besoin. C'est dire que le manque de certains livres dans les écoles a favorisé la spéculation et c'est le marché informel qui semble profiter de cette occasion pour écouler la marchandise stockée. Les bouquinistes installés dans les marchés dits «d'lala» constituent le dernier recours de certains parents pour acheter les manuels avant qu'il n'y ait pénurie. Comme c'est le cas chez aâmi Brahim. Rencontré hier au marché couvert Amar El Kama, ce sexagénaire exposait des piles de livres. Dynamique et très enthousiaste, il propose sa marchandise à des prix défiant toute concurrence. Chez lui, les manuels scolaires qui ne sont pas disponibles au niveau des écoles, se disputent les étals. Selon lui, plusieurs élèves, notamment des chefs de famille viennent se procurer des livres introuvables dans les établissements scolaires. «Les manuels qui sont proposés à la vente ne sont pas neufs. Ce sont des particuliers qui les ramènent pour que je les propose à la vente», dira-t-il. Sur sa table, des manuels scolaires science et technologie de la première à la troisième année primaire, le livre d'histoire, la langue arabe du secondaire et celui de la langue française pour le cycle moyen sont proposés à 80 DA l'unité. «Ce sont des prix fixes», a-t-il ajouté. Certes, les livres ne sont pas neufs mais sont en bon état. En effet, entre un lot de livres neufs pour un élève en classe terminale, un père de famille devra débourser en moyenne 2800 à 3000 DA contre 700 à 1000 DA le lot chez un vendeur de livres d'occasion. Soit une différence de prix qui pousse les parents à investir les marchés informels.