Si c'est une révolution, « comme le disent les Occidentaux », alors qu'« un nouvel Etat avec lequel nous n'avons aucun accord » est apparu, a expliqué le président russe lors de sa première rencontre avec des journalistes depuis la destitution du président Viktor Ianoukovitch par des pro-Occidentaux. « L'envoi de troupes russes n'est pas nécessaire pour le moment », dit-il, ajoutant qu'il se réservait le droit de recourir à « toutes les options » pour protéger ses citoyens dans cette ancienne République soviétique. « Si nous prenons la décision d'utiliser les forces armées en Ukraine, elle sera tout à fait légitime », a-t-il dit, affirmant avoir eu une demande du « seul Président légitime ». Selon lui, l'usage de la force serait « parfaitement légal ». Au cours de cette apparition, l'homme fort de la Russie a tenu à souligner qu'il n'y a pas de soldats russes en Crimée. Les hommes armés qui ont pris durant le week-end le contrôle de la Crimée, sans insigne, sont, selon lui, des « forces locales de défense ». Concernant les exercices militaires à la frontière, il a indiqué qu'ils étaient prévus de longue date et qu'ils n'ont aucun rapport avec les récents événements en Ukraine. Le président russe a aussi annoncé la fin du tarif préférentiel accordé à l'Ukraine par Gazprom, prévenant que si Kiev ne payait pas pour le mois de février, la dette s'élèvera à « 2 milliards de dollars ». Juste après cet avertissement, le secrétaire d'Etat américain John Kerry était arrivé à Kiev pour annoncer aux nouvelles autorités l'octroi d'un milliard de dollars dans le cadre d'un prêt international. Une équipe du Fonds monétaire international doit également s'y rendre. La Commission européenne a décidé, elle aussi, d'aider Kiev. Hier, l'Otan a tenu une réunion de crise au niveau des ambassadeurs sur la situation en Ukraine, à la demande de la Pologne, pays voisin, qui estime sa sécurité menacée. La veille, le président américain, Barack Obama, avait brandi la menace de prendre des mesures économiques et diplomatiques visant à « isoler » la Russie. Sergueï Glaziev, conseiller au Kremlin, a répliqué que son pays réduira « à zéro » sa dépendance économique vis-à-vis des Etats-Unis. « Les tentatives de prendre des sanctions contre la Russie mèneront au krach du système financier américain et à la fin de la domination des Etats-Unis dans le système financier mondial », a-t-il ajouté. « Nous serons contraints d'utiliser d'autres devises. Nous avons d'excellentes relations économiques et commerciales avec nos partenaires à l'Est et dans le Sud », a expliqué le conseiller russe. En attendant une issue à cette crise, les Occidentaux multiplient les rencontres. Ils seront aujourd'hui face à la Russie à Paris, à l'occasion d'une réunion sur le Liban. Demain, Bruxelles arbitrera un sommet extraordinaire. Les chefs d'Etat et de gouvernement de l'UE s'entretiendront à l'issue de leur réunion avec le Premier ministre ukrainien, Arseni Iatseniouk