Face aux nouveaux développements en Crimée, les députés ont réagi en votant, hier matin, une résolution appelant les pays occidentaux à garantir la souveraineté de l'Ukraine. L'Ukraine a accusé la Russie "d'invasion armée" après la prise de contrôle de plusieurs sites stratégiques de Crimée par des hommes en armes et appelé l'Occident à garantir sa souveraineté. Cette nouvelle escalade des tensions intervient alors que le président déchu Viktor Ianoukovitch doit s'exprimer au plus tard vendredi en Russie. "Je considère ce qui se passe comme une invasion armée et une occupation. En violation de tous les accords et normes internationaux", a écrit le ministre ukrainien de l'Intérieur par intérim, Arsen Avakov sur sa page Facebook suite à la prise de contrôle dans la nuit de deux aéroports de Crimée par des hommes armés non identifiés. Des "unités armées de la flotte russe bloquent" l'aéroport de Belbek, proche de la ville de Sébastopol, écrit-il. "L'aéroport ne fonctionne pas. (...) Il n'y a pour l'instant pas d'affrontement armé", a-t-il ajouté. A Simféropol, chef-lieu de la Crimée, des hommes armés ont également pris le contrôle de l'aéroport et "ne dissimulent pas leur appartenance aux forces armées russes", ajoute-t-il. Au Parlement à Kiev, les députés ont réagi à ces développements en votant hier matin une résolution appelant les pays occidentaux à garantir la souveraineté de l'Ukraine. Les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et la Russie se sont portés garants de l'indépendance de l'Ukraine dans le Mémorandum de Budapest, signé en 1994, en échange de son renoncement aux armes nucléaires après la chute de l'Union soviétique dont elle faisait partie. Le texte voté demande aux pays garants de "confirmer leurs engagements" envers l'Ukraine et de lancer des "consultations immédiates avec (elle) pour faire baisser la tension". Un conseil de sécurité nationale et de défense a été convoqué pour 9h GMT au sujet de la situation en Crimée, a annoncé le président par intérim Olexandre Tourtchinov. Moscou a assuré ne pas être derrière les troubles en Crimée, selon le secrétaire d'Etat américain John Kerry qui s'est entretenu jeudi au téléphone avec son homologue russe Sergueï Lavrov. Le président ukrainien déchu Viktor Ianoukovitch, réapparu jeudi en Russie, doit tenir une conférence de presse vendredi en Russie. Alors qu'il n'avait pas donné signe de vie depuis sa destitution le 22 février par le Parlement, Viktor Ianoukovitch, recherché en Ukraine pour "meurtres de masse" après la mort de 82 personnes à Kiev la semaine dernière, a refait surface jeudi en Russie, où il a réclamé et obtenu la protection des autorités face aux "extrémistes". "Je me considère toujours comme le chef légitime de l'Etat ukrainien", a-t-il annoncé jeudi. Hier, il a dit n'avoir "pas été renversé" mais forcé de quitter l'Ukraine après des menaces, avant d'ajouter qu'il va "poursuivre la lutte pour l'avenir de l'Ukraine". Ianoukovitch a également estimé que l'Ukraine est aux mains de "jeunes néo-fascistes". De son côté, le nouveau Premier ministre pro-européen Arseni Iatseniouk a présenté le programme de son gouvernement, alors que l'Ukraine, au bord de la banqueroute, a besoin de 35 milliards de dollars. En haut de liste, il s'engage à "garantir la souveraineté et l'intégrité nationale". Le deuxième point promet la signature d'un accord d'association avec l'Union européenne. Le troisième point prévoit de "développer des relations avec la Russie en partant du principe que le choix européen de l'Ukraine est irréversible". Le quatrième point prévoit "la reprise de la coopération avec le FMI". Ce dernier a reçu jeudi une demande d'aide officielle de l'Ukraine et est "prêt à y répondre", selon sa directrice générale Christine Lagarde. M. Iatseniouk a répété hier que le nouveau gouvernement ukrainien s'apprêtait à prendre des décisions "impopulaires", comme la hausse des tarifs des services, la baisse des subventions et des coupes dans les programmes sociaux. M. T./Agences Nom Adresse email