Hormis les entreprises de prestation de services et les administrations, les offres d'emploi féminin restent faibles, alors que le divorce fait ravage dans la société algérienne. C'est ce qui ressort d'une étude sur les droits économiques de la femme présentée, hier, par Baya Zitoune, membre du Conseil national de la famille et de la femme. Les chiffres présentés lors d'une journée parlementaire sur « Les droits socioéconomiques de la femme », organisée par le ministère de la Solidarité, de la Famille et de la Condition de la femme, en coordination avec le Conseil national de la famille et de la femme à l'APN, relèvent un taux de chômage chez les femmes de 16,6%. Pour les diplômées de l'enseignement supérieur, ce taux est de 35, voire 40% dans certaines régions. Toutefois, l'étude souligne la progression constante des femmes dans les créneaux ou métiers hors traditionnels, à savoir l'économie verte, le transport, le bâtiment, les travaux publics avec un taux d'évolution de 74% entre 2009 et 2011. Mais pour les droits sociaux de la femme, l'avocate Nadia Aït Zaï, chargée de cours à la faculté de droit d'Alger, a rappelé dans sa communication les effets négatifs du divorce sur la situation économique de la femme et des enfants. Les chiffres sont alarmants : en 5 ans, le nombre de divorces a augmenté de 61%. En 2011, près de 56.000 cas de divorce ont été enregistrés, dont 8.000 de khol'a en 2011. Durant la même période, 106.604 répudiations ont été constatées. Outre les cas de divorce déjà prévus par l'article 53 du Code de la famille, de nouveaux cas ont été introduits. « Il s'agit de désaccord persistant entre les époux et de la violation des clauses stipulées dans le contrat de mariage, notamment celles qui concernent la protection du droit du travail et l'interdiction de la polygamie », rapporte l'étude. La préservation des acquis passe par la stabilité et la paix Le président de l'APN, Mohamed-Larbi Ould-Khelifa a estimé, pour sa part, que la discrimination par sexe est une discrimination raciste. « Il est temps que les mentalités changent et on doit vulgariser la culture de l'égalité », a-t-il indiqué. Revenant sur la composante féminine de l'APN qui représente 30% de ses membres, M. Ould-Khelifa a précisé qu'il ne veut pas s'étaler sur les droits politiques « pour éviter toute mauvaise interprétation de ma déclaration ». Cependant, il a souligné que l'Algérie est en avance, en matière des droits de la femme dans plusieurs domaines, par rapport à plusieurs pays européens, notamment en matière de salaires. La ministre de la Solidarité nationale, Souad Bendjaballah, a estimé que la préservation des droits de la femme passe par la stabilité et la paix. « Les droits de la femme sont complémentaires. Il n'existe pas de droits sociaux et économiques sans les droits politiques qui sont fondamentaux. Cependant, ces droits ne peuvent être concrétisés que dans un cadre de paix et de stabilité », a-t-elle précisé. La ministre a souligné que la présence des femmes députées au Parlement « constitue une force pour le gouvernement, notamment en matière des projets et des lois pour la promotion des droits de la femme ». A l'occasion, elle a rappelé l'adoption d'une charte pour la femme travailleuse, à l'issue de la conférence nationale sur la femme travailleuse et le dialogue social organisée la semaine passée. Cette charte vise à consacrer un quota minimal de 30% d'emplois aux femmes dans tous les domaines en tenant compte des diplômes, des compétences et de l'expérience. Des commissions ont été également installées pour l'application et le suivi des stratégies de lutte contre les violences faites aux femmes, la réintégration sociale et économique de la femme et la lutte contre l'analphabétisme.Mme Bendjaballah a mis l'accent sur le rôle du Conseil national de la famille et de la femme qui est un outil de contrôle, de suivi et de coordination. Quant à la vice-présidente de l'APN, Salima Athmani, elle a plaidé pour la prise en compte d'une approche genre de l'entrepreneuriat. « Il faut permettre aux femmes de concilier vie professionnelle et vie familiale afin de réduire le risque de voir basculer les femmes vers l'informel », a-t-elle suggéré. A l'occasion, elle a proposé la création d'un fonds spécial pour la femme entrepreneur et la prise de mesures pour son accompagnement et son soutien.