à quelques heures d'un référendum en Crimée à l'issue plus que certaine, la tension est maximale entre la Russie et les Etats-Unis sur le dossier ukrainien perçu par beaucoup d'analystes comme un jeu d'échecs. Y a-t-il « encore une chance » de résoudre ce conflit pacifiquement comme le croit le Premier ministre ukrainien, Arseni Iatseniouk ? John Kerry, le secrétaire d'Etat américain, a rencontré, hier, à Londres, Sergueï Lavrov, son homologue russe, pour des pourparlers sur la crise ukrainienne, dits de « la dernière chance ». La raison ? Washington ne désespère pas, malgré les entrevues infructueuses à Paris et à Rome et les nombreuses conversations téléphoniques entre les hommes, de dissuader Moscou d'annexer la Crimée. A défaut, prévient Kerry, qui a insisté, hier, sur la création d'un groupe de contact sur l'Ukraine, le retrait des « unités militaires supplémentaires » de Crimée et l'envoi d'observateurs internationaux sur place, l'ouverture de négociations entre la Russie et le nouveau gouvernement de Kiev et l'arrêt du soutien aux forces séparatistes en Crimée, les Etats-Unis et l'Union européenne prendraient, dès lundi, « une série de mesures très sérieuses ». Comme les restrictions de visas, le gel des avoirs ou l'annulation du prochain sommet UE-Russie prévu en juin à Sotchi. Lavrov, qui a insisté sur l'application des accords du 21 février entre Viktor Ianoukovitch et les leaders de l'opposition, y compris la remise des armes illégales, la formation d'un gouvernement d'unité nationale et la réforme constitutionnelle, rassure. « La Russie n'a pas le projet d'envahir le sud-est de l'Ukraine », dit-il, insistant sur la conformité du référendum prévu, demain, en Crimée au droit international et à la Charte des Nations unies. Sûr de son droit, Moscou, qui « voit » des avions radar Awacs de l'Otan survoler le ciel polonais et roumain et des renforts de chasseurs F-15 et F-16 arriver en Lituanie, prend les devants. Même si, dit-il, il « ne souhaite pas la guerre ». Après avoir déployé six avions de combat Su-27 au Belarus et organise des manœuvres militaires dans les régions de Rostov-sur-le-Don, Belgorod, Tambov et Koursk, près de la frontière ukrainienne, la Russie menace d'encourager les autres régions à majorité russophone, dans l'est de l'Ukraine, à organiser, elles aussi, des référendums sur leur rattachement à la Russie. « La Russie a conscience de sa responsabilité pour la vie de ses concitoyens et compatriotes en Ukraine et se réserve le droit de les protéger », déclare dans un communiqué le ministère russe des Affaires étrangères, à la suite des heurts qui ont fait un mort, jeudi dernier, à Donetsk, dans l'est de l'Ukraine. Cette déclaration a jeté un froid dans quelques Etats de l'ex-URSS. Certains estiment que la Russie ne s'arrêtera pas aux frontières de la Crimée.