Le système gazier espagnol est « protégé en cas de crise du gaz naturel entre la Russie et l ́Ukraine », assure-t-on dans les milieux du secteur énergétique en Espagne. Les inquiétudes nourries des marchés gaziers et pétroliers ont gagné la plupart des pays d ́Europe à mesure que se précise le conflit entre la Russie et l'Occident, sur fond de processus de séparation de la Crimée de l ́Ukraine. C ́est ce message rassurant que les experts et les syndicats du secteur énergétique (Sedigas) ont tenu à lancer, hier, aux industriels et aux consommateurs en Espagne où le patronat du secteur gazier fonde ses arguments sur la politique de diversification des sources d ́approvisionnement engagée par le gouvernement, faisant de l ́Algérie son partenaire principal énergétique. L ́Espagne importe 51% de ses besoins en gaz naturel depuis l ́Algérie qui « a toujours honoré ses engagements et contrats d ́approvisionnement envers ses clients, et ce, en toutes circonstances », fait remarquer la presse spécialisée. Les milieux gaziers espagnols font observer qu ́« outre l ́avantage de la proximité géographique du marché algérien », l'Espagne et l'Algérie sont « liées par le meilleur des contrats » : leurs « excellentes relations politiques et économiques ». Ce constat avait été fait lors de la visite les 26 et 27 février dernier de Ramtane Lamamra à Madrid. En plus de cet aspect politique, il y a l ́instrument de sécurité des approvisionnements du marché espagnol : Medgaz. Depuis avril 2011, avec l ́entrée en service du gazoduc Beni Saf-Almeria reliant directement les deux pays, les clients de Sonatrach ne se font plus le moindre souci concernant ce qui se passe dans les régions politiquement instables où se trouvent certains de leurs fournisseurs. Medgaz a éloigné définitivement le syndrome des tempêtes en Méditerranée et tout autre imprévu dans le secteur du transport par méthaniers pouvant perturber son marché. C ́est pourquoi la stabilité des marchés gaziers d ́Europe (France, Allemagne, Belgique, Italie, Pays-Bas...) vient relancer la question de l ́interconnexion des réseaux espagnol et français. En plus de l ́Algérie, son principal partenaire, l ́Espagne reçoit du gaz (49%) de sept autres marchés, une liste sur laquelle ne figure pas la Russie. Il s ́agit de la Finlande, des pays du Golfe (Qatar), du Nigeria et de Trinité-et-Tobago. Les principaux clients de la Russie sont l ́Allemagne, la Turquie et l ́Italie. Ces trois pays européens sont de ceux qui suivent avec un maximum d ́inquiétude l ́évolution de la situation en Ukraine par où transite le tiers des 30% de leurs importations gazières. Si le secteur gazier espagnol vit aujourd ́hui dans un climat de détente, ce ne fut pas le cas en 2006 avec la crise du gaz en Europe qui a suivi le conflit entre la Russie et l ́Ukraine. A cette date, Sevigas et des journaux, comme El Mundo, avaient multiplié les appels au gouvernement de Jose Luis Zapatero pour accélérer la réalisation du projet Medgaz. Cet appel a été écouté. Ce fut donc salutaire pour l ́Espagne.