L'Algérie va devenir le principal fournisseur du marché européen. La demande sur le gaz algérien sera de plus en plus croissante. La décision de la Russie de baisser la fourniture de gaz à l'Ukraine, a suscité les inquiétudes de l'Europe, qui dépend en grande partie de la Russie. Cette décision intervient en plein hiver où la consommation du gaz atteint son pic. Cela laisse à prévoir qu'une éventuelle pénurie de gaz en Europe n'est pas exclue durant les jours à venir. Afin d'éviter le pire, les quatre pays de l'Union européenne, à savoir l'Allemagne, l'Autriche, la France et l'Italie, ont demandé samedi dernier à Kiev et à Moscou le maintien des livraisons de gaz russe, indépendamment du différend entre la Russie et l'Ukraine. Les pays européens jugent qu'une «réduction de la fourniture en ce moment, non seulement représenterait un développement tout à fait imprévisible, mais pourrait aussi créer des problèmes au niveau de l'approvisionnement en gaz de l'Europe occidentale». La tension entre l'Ukraine et la Russie est à son comble actuellement et risque de durer pour longtemps. En effet, l'augmentation vertigineuse des prix du gaz russe qui avoisine les 220-230 dollars/1000m3, n'arrange plus l'Ukraine, qui exige de négocier le prix. Faute de quoi, le géant gazier russe Gazprom a affirmé dimanche dernier avoir baissé ses fournitures de 120 millions de m3 de gaz par jour, soit la part revenant à l'Ukraine sur le volume total qui transite par ce pays vers l'Europe occidentale. Devant cet état de fait, le commissaire européen à l'Energie, M.Andris Piebalgs a convoqué les 25 ministres pour tenir demain à Bruxelles une réunion spéciale d'experts de l'UE. La réunion sera consacrée à la problématique du gaz et les conséquences éventuelles de la crise russo- ukrainienne sur les marchés européens. Les ministres vont tenter également de trouver des solutions pour assurer un approvisionnement régulier du marché gazier. A noter, l'Europe est approvisionnée principalement par la Russie, la Norvège et l'Algérie. Avec 38% des réserves mondiales de gaz, la Russie s'est imposée comme un fournisseur capital pour toute l'Europe. Cependant, la politique des prix qu'elle exerce actuellement risque de lui jouer des tours. Les responsables européens vont probablement remettre sur le tapis les projets de gazoduc Medgaz et Galsi, reliant directement l'Algérie à l'Europe via l'Espagne et l'Italie. Sachant que l'Algérie est le deuxième producteur de gaz après la Russie, les pays de l'Europe vont, sans doute, s'orienter vers l'Algérie. La crise entre la Russie et l'Ukraine et ses retombées sur le marché du gaz en Europe, sera une bonne opportunité pour accélérer la réalisation des gazoducs à travers lesquels, l'Algérie fournira à partir de 2008 plus de 16 milliards de m3 par an à l'Europe. Conscient des enjeux stratégiques et de la croissance de la demande sur le gaz dans le vieux continent, notre pays s'est fixé comme objectif de porter ses exportations à 85 milliards de m3 de gaz par an d'ici 2010. «Notre potentiel gazier qui est constamment révisé à la hausse, conjugué aux perspectives fort prometteuses de croissance de la demande en Europe, conforte notre objectif de porter nos exportations annuelles de gaz naturel à 85 Gm3 à l'horizon 2010.», avait affirmé le ministre de l'Energie et des Mines, M.Chakib Khelil. Cela veut dire que l'Algérie va devenir le principal fournisseur du marché européen. Les exportations annuelles du gaz sont estimées à 63 milliards de m3. Le plus important est de souligner qu'aucune interruption des exportations n'a été enregistrée même aux moments les plus durs de la situation sécuritaire. Sur le plan approvisionnement, notre pays a toujours respecté ses engagements envers ses clients. Cet avantage sera une référence pour les pays européens qui sont à la recherche d'un fournisseur régulier et solide du marché gazier.