Abdelmalek Temmam n'était pas un simple militant du PPA (Parti du peuple algérien), ni seulement un ministre des Finances de l'Algérie indépendante. L'homme était aussi un héros de la Révolution mais qui a vécu à l'ombre. C'est lui, journaliste militant, qui a donné le nom d'El Moudjahid au fameux quotidien national. Oublié ? Oui, déplorent ses compagnons de guerre, qui ont témoigné, hier, de son rôle important lors de la Révolution et de son patriotisme après l'indépendance. Le forum de la mémoire d'El Moudjahid, en coordination avec l'association Machaâl Echahid, a organisé, hier un hommage au moudjahid, le défunt Abdelmalek Temmam. Malgré sa maladie, son compagnon Sid-Ali Abdelhamid a tenu à y assister. Il a présenté le parcours de son ami Abdelmalek qu'il a connu en 1954. « Il jouait dans l'équipe de basket-ball du Mouloudia d'Alger et moi j'étais à l'USMA, mais sur le plan politique, on était engagés sur les mêmes principes et objectifs, parce qu'il s'agissait de l'intérêt du pays. Je me souviens qu'on a décidé de boycotter ensemble, le service militaire obligatoire, à travers la distribution de tracts, afin de sensibiliser nos concitoyens », raconte Sid-Ali Abdelhamid. Le défunt avait également participé à l'achat des armes aux soldats américains débarqués en Algérie lors de la Seconde Guerre mondiale. Il était également rédacteur dans le journal « La Nation algérienne », et quand il a rejoint le comité central du PPA, il était chargé de la communication avant qu'il ne soit arrêté en 1947. Même reconnaissance de la part de Larbi Demagh El Atrous, un ami du défunt, qui l'a rencontré en 1946. « C'était une plume, il écrivait en langue française, mais sans qu'elle soit la langue du colonialisme. C'est un homme fidèle à ses principes, un militant polyvalent. Je garde toujours en mémoire ce qu'il avait dit après le cessez-le-feu le 19 mars : « C'est la fin d'un cauchemar ». Le moudjahid est revenu sur l'événement du 19 mars qui « est une victoire sur tous les plans ». « Sauf qu'après plus de 50 ans d'indépendance, la souveraineté de l'Algérie n'est pas totale à cause de ses enfants », a-t-il regretté. Sentence : « La malédiction française nous guette ». Dans son témoignage, le moudjahid Mohamed Salah Benslama Benslama a regretté le « désintérêt » accordé à la fête de la Victoire. « Le 19 mars doit être une journée chômée et payée. Il s'agit d'une fête qui a prouvé la grandeur du peuple algérien ». Pour sa part, l'écrivain Mohamed Abbas est revenu sur la période de transition et la création du gouvernement du Rocher Noir, Boumerdès. Il a affirmé que le 19 mars est « une victoire diplomatique, politique et militaire ». Reste que Sid Ali Abdelhamid a regretté le rejet de la proposition faite au ministre des Moudjahidines pour « l'impression des publications du PPA ». L'objectif était d'archiver cette période historique qui peut servir de référence aux historiens.