Vladimir Poutine, le président russe, a signé, hier, au Kremlin, en présence de membres des deux chambres, deux lois. La première porte sur la ratification du traité de l'adhésion de la Crimée et de Sébastopol à la Fédération de Russie et la seconde sur la procédure d'intégration des deux entités. Cette dernière établit une période de transition allant jusqu'au 1er janvier 2015 pour l'intégration de la république de Crimée et de Sébastopol dans les systèmes administratif, économique, financier et juridique de la Russie. Désormais, la République de Crimée a trois langues d'Etat : le russe, l'ukrainien et le tatar. Sa frontière avec l'Ukraine devient la frontière de l'Etat russe et ses habitants sont des citoyens russes. Ceux parmi ces derniers qui veulent renoncer à la nationalité russe ont un mois pour le faire. Sergueï Lavrov, son ministre des Affaires étrangères, déclare que la décision de la réunification de la Crimée est irrévocable et que les tentatives d'isoler la Russie sont une voie sans issue. Sergueï Choïgu, le ministre russe de la Défense, rassure : « Moscou n'envahira pas l'est russophone de l'Ukraine. Les troupes qui sont massées le long de la frontière avec l'Ukraine y sont pour mener des exercices. Elles n'ont aucune intention de traverser cette frontière pour entrer en Ukraine », dit-il à Chuck Hagel, son homologue américain, au Premier ministre ukrainien Arseni Iatseniouk qui a déclaré, jeudi dernier, à Bruxelles, que son pays répondra « militairement » à toute tentative russe d'« annexer » les régions de l'est russophone et au secrétaire général de l'Otan, Anders Fogh Rasmussen, qui dit craindre que Poutine n'aille « au-delà de la Crimée ». Sur fond de ce controversé rattachement, les tensions sont vives dans l'est de l'Ukraine, notamment à Donetsk. Depuis quelques jours, les manifestants pro-russes croisent le fer avec les partisans de Kiev. A Bruxelles, l'Union européenne a marqué un soutien à l'Ukraine. Les deux parties ont signé le volet politique d'un accord d'association. Ce texte, paraphé par les 28 dirigeants de l'UE et Arseni Iatseniouk, engage les deux parties dans une association politique et une intégration économique. Cette signature, qui « symbolise l'importance des relations » entre les deux parties et « leur volonté de les faire aller de l'avant », ne prévoit pas à terme d'adhésion de l'Ukraine à l'UE. Selon les experts, la crise ukrainienne a bouleversé la donne internationale. Elle a mis à nu la faiblesse politique du Vieux continent et consacré le retour des Etats-Unis sur la scène européenne et le poids géostratégique de la Russie, trop longtemps négligée. Les sanctions occidentales ? Certains n'y croient pas. Un quart des importations de gaz de l'Union européenne dépend de la Russie, de nombreuses entreprises, à l'instar du français Total, ont massivement investi dans le pays de Poutine et les capitaux russes nourrissent la prospérité de la City de Londres.