Les Européens et les Ukréniens ont signé vendredi à Bruxelles le volet politique de l'accord d'association à l'origine de la crise entre Moscou et l'Occident. Même impuissants, les Européens veulent marquer leur soutien à l'Ukraine, au lendemain de leur décision d'ajouter 12 noms à leur liste de personnalités russes et ukrainiennes visées par des sanctions. Avec la signature de cette accord, à l'origine de la crise entre Moscou et capitales occidentales, l'Ukraine se rapproche de l'UE pour signifier, a son tour, aux Russes leur réprobation en ce qui concerne l'annexion de la Crimée. Le texte, signé par les 28 dirigeants de l'UE, vise à arrimer l'Ukraine à l'Union, en engageant les deux parties dans une association politique et une intégration économique. Il ne prévoit pas à terme d'adhésion de l'Ukraine à l'UE. L'UE et l'Ukraine étaient convenus de signer cet accord en novembre dernier, avant que le président ukrainien d'alors, Viktor Ianoukovitch, ne fasse volte-face en préférant un rapprochement avec Moscou, déclenchant la crise qui a conduit au rattachement de la Crimée à la Russie. Seuls les chapitres "politiques" de l'accord de départ, trois sur sept, ont été signés. Les autres, instituant une zone de libre échange et prévoyant une large coopération économique et judiciaire ont été renvoyés à la formation d'un gouvernement ukrainien issu des prochaines élections du 25 mai, et au lancement d'un programme d'assainissement et de réformes économiques. Les Occidentaux impuissants devant le fait accompli de l'annexion de la Crimée par la Russie Les Européens, impuissants devant le fait accompli de l'annexion de la Crimé par la Russie, marqueront ainsi un soutien à l'Ukraine qui se retrouve entre la marteau occidentale et l'enclume russe qui n'a pas tardé à répliquer aux sanctions américaines et européennes. Les Etats-Unis ont frappé haut en visant de proches collaborateurs du président Vladimir Poutine, dont Sergueï Ivanov, son chef de cabinet outre le rajout de vingt personnes à la liste des onze dont les avoirs sont déjà gelés. Jeudi soir, les dirigeants de l'Union européenne, réunis à Bruxelles, ont emboité le pas en décidant l'ajout de 12 Russes et Ukrainiens pro-russes à leur liste, portant à 33 le nombre de personnes ciblées. Le président américain Barack Obama a menacé Moscou d'aller plus loin et de viser des "secteurs clé" de son économie. "La Russie doit comprendre qu'une escalade supplémentaire ne fera que l'isoler davantage de la communauté internationale", a-t-il affirmé. Sanctions: coup pour coup Quelques minutes à peine après cette courte intervention à la Maison Blanche, la Russie publiait sa propre liste de sanctions visant trois conseillers de M. Obama et des parlementaires, dont le sénateur conservateur John McCain. "Qu'il n'y ait aucun doute: à chaque acte hostile nous répondrons de manière adéquate", a prévenu le ministère russe des Affaires étrangères. Un porte-parole du Kremlin a qualifié d'"inacceptables" les sanctions contre la Russie.Quant à la Crimée définitivement russe selon les observateurs, un groupe d'hommes armés s'est emparé de la corvette ukrainienne Ternopil, à l'ancre à Sébastopol. "Des grenades assourdissantes ont été utilisées lors de l'attaque et on a entendu des rafales d'armes automatiques", a annoncé un porte-parole ukrainien. M. Iatseniouk a averti que l'Ukraine répondrait "militairement" à toute tentative russe d'"annexer" les régions de l'Est pro-russe du pays. Seule la Crimée intéresse les Russes Le ministre russe de la Défense Sergueï Choïgu a cependant assuré à son homologue américain Chuck Hagel que Moscou n'envahirait pas l'Est de l'Ukraine, a annoncé le Pentagone. "Les troupes (russes) qui sont massées le long de la frontière (avec l'Ukraine) y sont pour mener des exercices et n'ont aucune intention de traverser cette frontière pour entrer en Ukraine", a affirmé lors d'un entretien téléphonique Sergueï Choïgu, promettant aussi que ces soldats ne mèneraient "aucune action agressive". A Kiev, où est attendu vendredi le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon, le Parlement a adopté jeudi une résolution affirmant que l'Ukraine "ne reconnaîtra jamais l'annexion" de la Crimée par la Russie et "ne cessera pas sa lutte pour sa libération, aussi longue et douloureuse qu'elle soit". Les députés russes ont adopté une loi constitutionnelle sur l'incorporation de la Crimée au territoire russe. En effet, le Conseil de la Fédération (chambre haute du Parlement russe) a, à l'unanimité de ses 155 membres, approuvé vendredi le traité signé mardi par le président Poutine avec les dirigeants pro-russes de Crimée, ratifié jeudi par la Douma.