« Il y a une discrimination systématique sur la base de l'identité ethnique, avec l'objectif de changer la démographie d'El Qods. Cette politique comporte des caractéristiques inacceptables propres au colonialisme, à l'apartheid et au nettoyage ethnique », affirme le spécialiste du droit international et professeur émérite à l'université de Princeton dont le mandat expire dans quelques jours après une mission de six. « Tout au long de ces six années, la situation du peuple palestinien et du droit international dans les territoires occupés n'a pas cessé de se détériorer », dit-il, car « tout ce qui permet d'agrandir des colonies et toutes les démolitions de maisons sont une façon d'aggraver la situation et de réduire les perspectives de trouver une issue aux prétendues négociations de paix ». Selon lui, Israël est en train de « modifier la composition ethnique » de la partie Est de la ville sainte que les Palestiniens veulent faire leur future capitale. Comment ? En dissuadant les Palestiniens d'y vivre et en encourageant les colonisations illégales. Résultats : 11.000 Palestiniens ont perdu depuis 1996, leur droit de résidence et énième construction dans les colonies en Cisjordanie occupée. Dernière en date annoncée, celle de 2.269 logements en sus des 10.509 construits de juillet 2013 au 16 mars 2014. « Jusqu'à présent, aucune indication ne laisse à penser que cette tendance changera en 2014 et ce malgré les négociations en cours », déplore t-il. « Les chantiers de colonisation vont provoquer l'échec des négociations », met en garde Nabil Abou Roudeina, le porte-parole du président palestinien Mahmoud Abbas, commençant à douter de la possibilité de mettre sur pied un jour un Etat palestinien viable. Selon Lior Amihaï, porte-parole de l'ONG La Paix Maintenant, Benjamin Netanyahu, qui n'a aucune intention de parvenir à un accord de paix, fait tout ce qu'il peut pour forcer le président palestinien à se retirer du processus de négociations de paix. « Ce que nous appelons occupation est maintenant de plus en plus compris comme une forme d'annexion, une base pour un apartheid dans le sens où il y a un double système légal discriminatoire », dit-il, estimant que « la réalité sur le terrain s'aggrave aussi bien du point de vue du droit international que du point de vue du peuple palestinien ». Que faire ? L'expert américain suggère à la Cour internationale de justice, qui a déclaré, en 2004, « illégale » la construction du mur de la honte pour isoler Israël des territoires occupés en 1967, d'examiner le statut légal de cette occupation israélienne qui dure depuis plus de 45 ans de manière à mieux garantir les droits des Palestiniens. « 85% du mur se trouve sur le territoire palestinien en Cisjordanie et plus de 60% des 708 kilomètres prévus sont achevés », indique Richard Falk, soupçonnant Israël de profiter des crises en Syrie et en Ukraine qui détournent l'attention de la communauté internationale pour poursuivre sa « politique annexionniste ». « Il y a actuellement très peu d'éléments qui encouragent Israël à y renoncer », dit-il, avant de demander au reste du monde de ne pas « oublier les milliers de prisonniers politiques palestiniens, dont des enfants, qui restent enfermés dans les prisons israéliennes ».