Richard Falk est le rapporteur spécial des Nations unies sur la situation des droits de l'Homme dans les territoires palestiniens occupés. Il vient dans un rapport de rappeler des vérités que l'on ne veut plus entendre en Occident. Malgré leur gravité. «Des mesures spéciales doivent être prises pour assurer que les droits de l'Homme des Palestiniens soient protégés et que l'Etat de droit soit établi dans le cadre de l'occupation qui dure depuis plus de 45 ans», a affirmé Falk, pour qui la poursuite de la colonisation est un obstacle considérable empêchant l'accès à l'autodétermination des Palestiniens. Il rappelle que le nombre de colonies en Cisjordanie a doublé en 2013, selon des chiffres donnés même par la partie occupante. «Jusqu'à présent, aucune indication ne laisse à penser que cette tendance changera en 2014 et les autorités israéliennes ont d'ores et déjà autorisé la construction de centaines de nouveaux logements au cours des trois premiers mois de l'année, et ce malgré les négociations en cours.» Falk a exprimé sa préoccupation concernant le mur de la honte construit par Israël sur les territoires occupés, mur que la CIJ avait qualifié d'illégal en 2004. Sans conséquences sur sa construction. Pourtant, selon les estimations, 85% du mur se trouvent en Cisjordanie et plus de 60% des 708 kilomètres planifiés ont été construits. Au mépris du droit international. Le très courageux Falk affirme que la Cour internationale de justice devrait examiner le statut légal de cette occupation prolongée par Israël des territoires palestiniens. Quant à la situation à Ghaza, il a relevé que «les effets du blocus et des conséquences d'évènements dans la région ont eu un impact négatif considérable pour la population civile». Il y a aussi les milliers de prisonniers politiques palestiniens, dont des enfants, toujours enfermés dans les geôles israéliennes. Beaucoup d'entre eux sont soumis à de mauvais traitements et à la torture pendant les interrogatoires et en détention. Sans que cela ne fasse réagir les chantres des droits de l'Homme. L'expert indépendant du Conseil des droits de l'Homme des Nations unies n'y va pas par quatre chemins pour dénoncer la réalité sur le terrain qui «s'aggrave aussi bien du point de vue du droit international que du point de vue du peuple palestinien». Israël est accusé «d'efforts systématiques et continus pour changer la composition ethnique de Jérusalem Est», de «recours excessif à la force», de «punition collective», de destruction d'habitations et de construction de plus en plus de colonies. Une réalité dont se détournent aujourd'hui les médias internationaux. Depuis 1996 plus de 11 000 Palestiniens ont perdu leur droit de vivre à El Qods, «ce que nous appelons occupation est maintenant de plus en plus compris comme une forme d'annexion, une base pour un apartheid dans le sens où il y a un double système légal discriminatoire», a précisé Falk. Une vérité qui sonne fort au moment où l'on critique vigoureusement la Russie pour avoir «annexé» la Crimée. Le professeur Falk termine son mandat après une mission de six ans de langage de la vérité. Ce qui évidemment lui a valu d'être voué aux pires gémonies de la part d'Israël et ses soutiens. Dont l'inévitable accusation d'antisémitisme. Pourtant le professeur émérite de l'Université de Princeton, âgé de 82 ans, est lui même juif. Seulement ses vérités ne sont pas bonnes à dire. M. B./Agences