L'Algérie compte 3.500.000 diabétiques, dont 200.000 souffrent de l'ulcère du pied diabétique. Tel a été le chiffre avancé par Noureddine Boucetta, président de la Fédération nationale des diabétiques, à l'occasion du 8e séminaire de Lad-Pharma sur le diabète et ses complications tenu à l'hôtel El Aurassi. « C'est un lourd problème de santé publique », selon le professeur Eberto Carrazana Peinado, membre de la Mission cubaine sur le pied diabétique au CHU d'Oran. Selon lui, le nombre de diabétiques est de 366 millions dans le monde et risque de doubler pour dépasser les 500 millions de personnes dans les prochaines années. « 30% des patients ne guériront jamais suite à des thérapies standard », soutient le spécialiste cubain. « 15% passeront par une amputation alors que 50% décéderont dans un délai de cinq ans après leur intervention chirurgicale », ajoute-t-il. « L'ulcère du pied diabétique porte également atteinte à d'autres organes et peut engendrer le cancer. Il représente un syndrome sévère à l'origine d'une neuropathie et infection », dira-t-il. S'adressant à un parterre de spécialistes, M. Eberto a indiqué que cette pathologie peut faire l'objet d'une urgence médico-chirurgicale nécessaire dans 80% des cas. « C'est une première option », estime-t-il. Selon lui, trois patients sur quatre subissent une amputation, soit 69% des interventions majeures. Peut-on éviter l'amputation du pied diabétique ? Selon le docteur Karim Chaou, chef du service de chirurgie générale au CHU Issaâd-Hassani de Beni Messous, « l'amputation est la hantise de l'ensemble du personnel soignant ». « Avant, a-t-il expliqué, il est impératif de connaître et définir chaque cas à risque podologique pour avoir une idée sur les moyens à dépister les patients. » « Les pouvoirs publics n'accordent pas un grand intérêt à cette pathologie », déplore-t-il. Et de poursuivre : « Dans la plupart des cas, il est possible de prévenir l'ulcère du pied diabétique. 49 à 85% des amputations peuvent être évitées grâce à des soins de qualité et une prise en charge tributaire des moyens. » « L'âge avancé, une mauvaise hygiène de vie, l'environnement et la situation socioéconomique sont les principaux facteurs à risque », avertit le Dr Chaou. En effet, 50% des personnes amputées sont âgées de plus de 65 ans. D'où la nécessité, souligne le Dr Chaou, d'un dépistage précoce, d'un contrôle régulier, d'un traitement préventif et local et d'une formation qualifiée en faveur du personnel médical spécialisé.