Toutes les trente secondes, un diabétique est amputé quelque part dans le monde. Pire encore, toutes les dix secondes, un de ces patients amputés décède. C'est dire l'importance de traiter les complications «podologiques» liées au diabète. Une maladie qui touche 10% de la population algérienne. Des solutions de prise en charge et de traitement du pied diabétique existent aujourd'hui. Elles permettent d'éviter l'acte chirurgical radical qu'est l'amputation. L'une d'elles est la molécule Heberprot-P qui a été développée dans un laboratoire pharmaceutique cubain. Les résultats obtenus par l'utilisation de ce médicament ont fait l'objet, hier, d'un séminaire organisé conjointement par le laboratoire algérien LAD Pharma et la Fédération nationale des associations des diabétiques, avec la participation de médecins cubains. Le terme médical pour cette complication est «l'ulcère du pied diabétique». Elle a deux origines possibles : soit des problèmes de circulation sanguine appelés «ischémie», soit des problèmes de sensibilité et de motricité dits «neuropathie». Dans ces deux cas de figure, le pire scénario, pour le patient comme pour le médecin, est l'amputation. Lorsque l'infection s'étend malgré l'amputation, le diabétique se trouve en danger de mort. Selon le professeur cubain Daniel Reinaldo «les expériences menées à Cuba et au Venezuela, dans le cadre de programmes nationaux de lutte contre les complications du diabète, ont donné de très bons résultats en terme de réduction du nombre d'amputations». Ce spécialiste a séjourné plusieurs mois en Algérie et participé au traitement à l'Heberprot-P de 285 patients algériens. «Sur ces 285 patients traités, seuls quatre d'entre eux ont subi une amputation», a-t-il affirmé. Pour le Pr Reinaldo, «il s'agit-là d'une réduction très importante». L'Heberprot-P se présente sous forme d'injections (infiltrations) et n'est pour l'instant disponible qu'en pharmacie d'hôpital. Il existe cependant un produit similaire «l'Hebermin», sous forme de pommade qui est en vente dans les pharmacies. «C'est le même principe actif mais les effets sont superficiels», a expliqué le Pr Reinaldo. A titre de comparaison, «l'Heberprot-P est indiqué pour des ulcères en phase 3, 4 et 5», a ajouté le professeur cubain. Tous les spécialistes présents, hier, à ce séminaire se sont accordés à dire qu'en plus d'être une alternative à l'amputation, ce traitement réduit le temps d'hospitalisation, accélère la cicatrisation et dans le meilleur des cas conduit à la fermeture totale des plaies. Reste le problème de la disponibilité de ce traitement dont le coût à l'importation s'élèverait à 50 000 DA la boîte. Le laboratoire pharmaceutique qui a organisé ce séminaire projette de produire cette molécule en Algérie. Selon son président, le Dr Djebbar, le produit devrait être fabriqué localement d'ici «un an et demi». Mais il en appelle d'abord à des garanties de l'Etat. «Nos amis Cubains sont volontaires à nous transférer cette technologie lourde et coûteuse mais pour cela, nous avons besoin d'encouragements du ministère de la Santé», a-t-il affirmé. Pour l'instant, la disponibilité de l'Heberprot-P est tributaire des importations du ministère de la Santé. Les quantités actuelles sont jugées insuffisantes. A. H.
Les praticiens mettent en garde contre de faux médicaments Les organisateurs du séminaire ainsi que les médecins intervenants ont évoqué l'existence de produits classifiés en parapharmacie et vendus dans toutes les officines qui seraient des «vrais faux médicaments». Ils visaient plus particulièrement une pommade à base de miel dont la notice vante des effets curatifs dans les cas d'ulcères du pied diabétique. L'utilisation de cette pommade «représente un réel danger dans le cas des malades diabétiques», a affirmé M. Boucetta, président de la Fédération des associations des diabétiques. De son côté, le Dr Djebbar déplore l'absence «d'une véritable pharmacovigilance concernant les produits importés qui ne subissent pas les mêmes contrôles que ceux imposés aux opérateurs locaux». A. H.