Réagissant aux heurts survenus samedi dernier à Bejaïa, le candidat Ali Benflis a appelé, hier, depuis In Salah (Tamanrasset), au respect de la liberté d'expression en « toute circonstance ». Une valeur dont il fait le credo de son projet. Non sans regretter que la tension se soit incrustée dans le débat politique. « Je regrette que cette campagne se déroule dans ce climat tendu. Je dois dire que rien n'a été fait jusque-là pour que la campagne se déroule dans la sérénité et l'apaisement », a-t-il notamment commenté. Il a souhaité que le débat d'idées et la confrontation des programmes l'emportent afin que les électeurs puissent choisir sereinement le jour du scrutin. Sur un autre plan, Ali Benflis a promis de mettre en œuvre un plan de développement spécial pour la population locale et pour toute la région du Sud, sur le modèle du plan Marshall. Moussa Touati, le président du Front national algérien (FNA), a, pour sa part, regretté, à Blida, que la campagne soit émaillée d'incidents violents à Bejaïa, hypothéquant la tenue d'un meeting d'un autre candidat. Et se désolera que des journalistes soient la cible d'attaque des adversaires du quatrième mandat de Bouteflika. « Je regrette les incidents qui se sont produits à Bejaïa car ils portent atteinte à la démocratie et à la liberté de la presse en Algérie », a-t-il notamment dit. A Tipasa, Touati a préconisé de préserver les ressources halieutiques, dont regorgent les régions côtières. Touati, qui s'est rendu successivement à Cherchell et Sidi Rached, dans le cadre d'une activité de proximité, a longuement discuté avec des citoyens. Le président du FNA a attiré l'attention de ses interlocuteurs sur l'importance de l'agriculture, « source de richesse inestimable et impérissable ». A Cherchell, il a appelé à la préservation de l'aspect architectural des villes qui comptent des ruines et des vestiges. A partir de Tizi Ouzou, Abdelmalek Sellal, directeur de campagne du candidat Abdelaziz Bouteflika, est revenu sur la question de tamazight en réaffirmant l'engagement du Président sortant à continuer à œuvrer à sa promotion, en tant que composante de l'identité nationale. Le processus se poursuivra, a-t-il promis, jusqu'à faire de cette langue, une langue de science et de technologie. S'exprimant en tamazight, il a transmis ses salutations les plus chaleureuses de Bouteflika à toute la région de Kabylie. Il rendra hommage, ensuite, aux figures historiques de la région citant nommément les martyrs le colonel Amirouche, Abane Ramdane et Krim Belkacem, sans oublier ses personnalités nationales comme Hocine Aït Ahmed ou ses intellectuels décédés, comme Tahar Djaout et Mouloud Mammeri. Sur le plan économique, il assurera que le nouveau programme de Bouteflika prévoit de faire bénéficier la wilaya de projets de développement dans différents domaines, notamment le tourisme et l'industrie où l'investissement porteur de richesse et générateur d'emplois sera encouragé. A Bouira, le discours de Louisa Hanoune, la pasionaria du Parti des travailleurs, a été relayé par son directeur de campagne, Djelloul Djoudi, qui a développé la thématique de prédilection de la présidente : la menace que représenteraient les puissances impérialistes, s'appuyant sur les scénarios chaotiques qui ont désagrégé la Libye et la Syrie. « Les Algériens, a-t-il argué, ont trop souffert pour dilapider le capital de stabilité et de paix engrangé ». Il promet, au nom de la candidate, que le processus de réconciliation nationale se poursuivra en se confortant, si celle-ci est élue. Au chapitre socioéconomique, sans nier que de belles réalisations ont été acquises, l'effort se poursuivra en réorientant les plans de développement économique vers une meilleure voie qui instaurera une économie forte. Tamazight sera hissée au rang de langue officielle, promet-il encore, en cas de victoire de la candidate. Ali-Fawzi Rebaïne, candidat du parti AHD 54, a, lui aussi, dénoncé, à partir de Sidi Bel-Abbès, les incidents de Bejaïa, tout en exprimant sa solidarité envers les journalistes touchés au cours des heurts. Il a imputé les responsabilités de la survenance de ces incidents au climat qui commence à gagner la campagne, alimenté, à ses yeux, par des déclarations fielleuses et mal à-propos de certains responsables. Et les attaques dirigées contre les adversaires du Président sortant. Le candidat de AHD 54 préconise de lutter contre les facteurs qui ont généré la corruption en assurant une gestion équitable des ressources publiques. A partir de Laghouat, Abdelaziz Belaïd s'est fait le promoteur de la proposition, en vogue, de revoir le découpage administratif, jugeant l'actuel inadapté, pour une meilleure prise en charge des impératifs de développement et des besoins de la population. Il préconisera, par conséquent, de doubler le nombre de communes et de wilayas en les dotant de moyens financiers conséquents qui soient à la mesure de l'ambition de l'Algérie. Le déséquilibre relevé dans l'état de développement des régions du pays milite, à ses yeux, pour une réforme globale du dispositif. Et n'en veut pour preuve que les distorsions existantes entre la richesse du Sud en matières premières et la pauvreté de ses populations.