La commémoration du 20e anniversaire du génocide au Rwanda a débuté, hier, dans le stade Amahoro (paix) de Kigali. Paul Kagame, le président rwandais, accuse la France, alliée en 1994 du régime du président Juvenal Habyarimana contre la rébellion tutsi du Front patriotique rwandais qu'il a dirigée entre 1990 et 1994, d'avoir joué un « rôle direct dans la préparation du génocide » dans lequel périrent - à la machette et au gourdin - 800.000 personnes, et d'avoir « même participé à son exécution ». « Selon le président rwandais qui réclame des excuses à Paris, « Turquoise », l'opération militaro-humanitaire française lancée en juin 1994, sous l'égide de l'ONU et forte de 2.500 soldats, a aidé les responsables du génocide à fuir. L'Elysée, qui a admis, en 2010, de « graves erreurs » d'appréciation, déplore les déclarations de Kagame. Elles ne vont « pas dans le sens de l'apaisement », dit-elle. « Il est impossible pour nos deux pays d'avancer (...) au détriment de la vérité historique du génocide », déclare Louise Mushikiwabo, la ministre rwandaise des Affaires étrangères, invitant la France à « regarder la vérité en face » sur son rôle dans le génocide. A Paris, Guillaume Ancel, un ancien officier de l'armée française, remet en cause la version française « officielle ». « Avant devenir humanitaire, Turquoise a été une opération offensive », dit-il. Egalement mise en cause par Kagame, la Belgique a maintenu sa participation. L'ONU, qui « ressent toujours, vingt ans après, la honte de n'avoir pas pu empêcher ce génocide », n'est pas mieux lotie. « Nous aurions pu faire beaucoup plus. Les Casques bleus ont été retirés au moment où l'on en avait le plus besoin. En l'espace d'une génération, la honte ne s'est pas effacée », admet Ban Ki-moon. Obama n'en pense pas moins. « Le génocide et l'échec du monde de n'y avoir pas répondu plus vite nous rappellent que nous avons toujours un choix : face à l'intolérance et à la souffrance, nous ne devons jamais être indifférents », dit-il