La France a commis des "erreurs" au Rwanda, a reconnu mardi le ministre des Affaires étrangères Bernard Kouchner, tout en réitérant sa volonté de se "réconcilier avec ce pays massacré". M. Kouchner, qui avait exprimé en août sa volonté de se rendre "au plus vite au Rwanda", a précisé sur Europe 1 qu'il ne ferait ce déplacement que lorsque ça "servira à quelque chose". "Il y a eu des erreurs politiques, d'analyse politique, mais je n'ai jamais dit et je ne dirai jamais qu'il y a eu participation de l'armée française au moindre meurtre", a déclaré M. Kouchner. "La France n'est pas coupable de génocide, et surtout pas l'armée française", a-t-il insisté. Il a qualifié le drame du Rwanda de "cas de conscience". "Un génocide a été commis sous nos yeux télévisés et nous n'avons rien fait!", a-t-il dit. Il a réaffirmé le bien-fondé de l'opération militaro-humanitaire française "Turquoise", de juin à août 1994, très critiquée par la rébellion tutsie aujourd'hui au pouvoir. L'actuel régime de Kigali, dominé par les Tutsis, accuse régulièrement Paris d'avoir soutenu les forces hutues qui ont commis le génocide de 1994, ce que la France a toujours démenti. Indiquant avoir récemment envoyé une "mission diplomatique" sur place, M. Kouchner a souligné l'importance d'une "réconciliation avec un pays massacré, alors qu'on a compté dans cette histoire", sans être "évidemment les responsables du massacre". En novembre 2006, le Rwanda a rompu ses relations diplomatiques avec la France après les mandats d'arrêt émis par le juge français Jean-Louis Bruguière contre neuf proches du président rwandais Paul Kagame dans le cadre de l'enquête sur l'attentat, le 6 avril 1994, contre le président rwandais de l'époque, Juvénal Habyarimana. Son assassinat avait déclenché le génocide. Concernant cet attentat, "les preuves n'abondent ni dans un sens, ni dans l'autre, et elles sont très discutables", a déclaré M. Kouchner. En haussant le ton, il a encore dit: "Je ne veux pas qu'on confonde les assassinés et les assassins". "Ce qui compte c'est qu'on considère que les gens massacrés ne sont pas responsables de leur massacre", a-t-il ajouté. Paris et Kigali entretiennent des relations houleuses depuis le génocide de 1994 au Rwanda qui a fait, selon l'ONU, environ 800.000 morts parmi la minorité tutsie et les hutus modérés. M. Kouchner a rencontré son homologue rwandais Charles Murigande la semaine dernière à New York, en marge de l'Assemblée générale de l'ONU. Il s'agissait de la première rencontre à ce niveau depuis que le Rwanda a rompu ses relations avec la France.