« Il était garanti et cédé à un prix abordable pour les petites PME », témoignent certains chefs d'entreprise. Selon un opérateur activant dans le bâtiment, l'importation de matériel de travaux publics, tels les engins et grues était aussi « une bouffée d'oxygène pour les entreprises de réalisation » qui pouvaient trouver ainsi sur le marché du matériel « trois fois moins cher, rénové et garanti ». A titre d'exemple, une grue qui coûtait, neuve, 12 millions DA, est cédée facilement par les importateurs à 4 millions DA. Des sociétés se sont spécialisées en Algérie dans ce type de commerce sillonnant les capitales européennes, à la recherche de la moindre occasion, surtout les ventes aux enchères publiques. Il semble que le gouvernement ait adopté la même politique que lors de l'abrogation de la mesure autorisant l'importation de véhicules de moins de trois ans, il y a quelques années. Outre le désir des pouvoirs publics de compresser certaines importations jugées superflues, le matériel en question est largement fourni, par des formules de crédits attrayantes, en Algérie qui a vu s'implanter plusieurs concessionnaires. Toutefois ce créneau est jugé à risques. Traversé par une série de scandales, il est aussi l'objet d'un grand trafic, y compris pour la sortie de capitaux. C'est ce que nous rappelle une affaire récente éventée par Interpol et les services de sécurité algériens, en juillet dernier, au port d'Oran. Suite à une plainte déposée par une compagnie d'assurance française pour un vol commis aux dépens d'un de ses clients, dont le matériel aurait été volé en France, une enquête a été ouverte et a permis de remonter la trace de trois engins spéciaux de travaux publics expédiés en Algérie via le port d'Oran. Cette pratique relève du scandale connu des assurances en France et en Europe qui permet au propriétaire de livrer son matériel pour le déclarer un peu plus tard ayant fait l'objet de vol. Les trafiquants utilisent, pour ce faire, des documents scannés. Au-delà de l'aspect fraude, cette interdiction pourrait être un bon geste pour les investisseurs étrangers qui ne demandent pas tant. Récemment, le fonds d'investissement public d'Abou Dhabi, Aabar Investments avait décidé de relancer l'industrie algérienne par un projet ambitieux. Il a annoncé un partenariat avec le gouvernement algérien et cinq firmes allemandes (MAN Ferrostaal, Daimler, Deutz, MTU et Rheinmetall) pour produire 10 000 véhicules par an en Algérie à partir de l'année prochaine. Quatre modèles de véhicules seront produits, notamment le Sprinter Mercedes, Unimog, Fuchs et des modèles de classe. Ce qui mérite des encouragements. Cela ne va pas sans un grincement des dents chez les autres opérateurs économiques, ceux qui ont des intérêts directs ou indirects dans ce type de commerce avec l'Algérie déjà laminés par « les mesures prises en général ces derniers temps. » Ils s'estiment touchés ces derniers temps par les nouvelles dispositions en matière de commerce extérieur. L'Union maritime et fluviale Marseille Fos s'est inquiétée dans un récent communiqué que cela freine ses exportations et notamment le trafic maritime qu'elle assure vers notre pays. Le port de Marseille, note-t-elle, assure « plus de 10% du trafic total sur les échanges avec l'Algérie. Dans les Bassins Est de Marseille, 35 à 40% des trafics sont destinés à l'Algérie ». Les opérateurs français ont peur que « ces mesures (les dispositions de la loi de finances complémentaire) menacent directement l'activité dans les Bassins Est de nombre de ses adhérents dont le chiffre d'affaires est pour certain à 75% généré par les exportations sur l'Algérie. « Les trafics ro/ro (roll on roll over), d'engins TP d'occasion notamment, sont directement impactés par ces décisions».