Photo : M. Hacène Par Ziad Abdelhadi Les secteurs de la construction et des infrastructures de transport vont connaître un fort dynamisme et, par ricochet, le marché des engins des travaux publics va enregistrer une forte croissance à laquelle la production locale n'est pas en mesure de répondre ni sur le plan du nombre ni sur le plan de la spécificité dans la gamme. En effet, selon une étude, la production locale d'engins de travaux couvre 15% du marché estimé en 2009 à 600 millions de dollars américains. Le reste étant couvert par l'importation qui a connu ces dernières années un saut quantitatif important. Et pour preuve, le taux de croissance annuelle des importations est passé de 23% en 2004 à 61% en 2008, le taux de 2009 n'étant pas encore rendu public. Un marché qui a connu d'ailleurs l'arrivée d'autres constructeurs, venant ainsi grignoter des parts de marché aux marques connues dans le milieu des entrepreneurs. Mais il faut croire que les marques chinoises sont arrivées à gagner des parts de marché importantes du fait des prix des engins chinois nettement inférieurs à ceux des marques japonaises, allemandes, françaises, italiennes ou Coréennes du Sud. De ce fait et toujours selon la même étude citée plus haut, on retrouve au tableau des principaux pays exportateurs d'engins de travaux publics vers l'Algérie, la Chine à la première place avec 23% de parts de marché, suivie du Japon (18%), représenté surtout par la société Komatsu, la France (10%), la Corée du sud (9%) et enfin les Etats-Unis, l'Allemagne et l'Italie avec la même part de 6%. Notons par ailleurs que la République populaire de Chine est présente à la 43ème FIA avec une dizaine de constructeurs d'engins. Les fabricants chinois veulent maintenir leur position sur le marché algérien, si ce n'est la renforcer en gagnant plus de parts. Ils le démontrent par l'élargissement de leur gamme de production, en témoignent les engins spéciaux comme les grues de tonnage concurrençant ainsi japonais et allemands. Soulignons par ailleurs que, sur les aires d'exposition des marques chinoises, nous avons pu remarquer lors de notre passage que les responsables de ces périmètres, des concessionnaires nationaux, ont, eux, du pain sur la planche. En effet, les visiteurs, pressés d'en savoir un peu plus sur les caractéristiques techniques et les performances des engins exposés, ont littéralement envahi ces lieux. Cette forte présence du public peut s'expliquer aussi par les prixaffichés, de très loin inférieurs à ceux des marques japonaises et allemandes. On peut croire que nos entrepreneurs sont beaucoup plus intéressés par les prix affichés que par d'autres critères et c'est ce qui expliquerait toute cette affluence aux abords des aires d'exposition. Un entrepreneur que nous avons rencontré sur les lieux a reconnu que les prix affichés étaient des plus attrayants mais se pose la question de savoir si le rapport qualité-prix est réellement avantageux. Un autre nous dira : «Pour les petits entrepreneurs, il est difficile ou quasi impossible d'acquérir un chargeur ou une pelleteuse de marque allemande, ils sont alors obligés de se rabattre sur le produit chinois, avec l'espoir de pouvoir exploiter leur acquisition le plus longtemps possible.» La longévité des engins dépend également de leur entretien et de la compétence des conducteurs, arguent certains concessionnaires. De leur côté, les représentants des marques allemandes, japonaises ou françaises se disent nullement inquiets par la concurrence chinoise. «La fiabilité de nos engins et le degré de performance atteint n'est plus à démontrer. Pour preuve, nous avons une longue liste de clients fidèles», nous affirmera le concessionnaire Komatsu rencontré sur son stand. Du côté de l'allemand Liebherr, c'est le même raisonnement. L'Entreprise nationale de matériels de travaux publics (ENMTP) et sa filiale SOMABE, spécialisée dans la construction de dumpers et bétonnières, alimentent la majeure partie de la demande nationale d'engins. Les marques étrangères ne se risquent d'ailleurs pas à importer les produits fabriqués par la SOMABE. Toujours au sujet des fournisseurs du marché des engins de travaux publics, il est utile de rappeler que plusieurs entreprises se sont lancées dans l'importation et la distribution d'engins depuis la fin des années 1990. La plupart d'entre elles sont contrôlées par des opérateurs algériens. Néanmoins, on compte parmi les plus importantes quelques entreprises détenues par des étrangers telles que la filiale algérienne de Bergerat Monnoyeur qui distribue les matériels Caterpillar, Algomat qui représente Manitou, ou encore Demdistral, filiale du groupe belge DSA. D'autres grandes marques internationales sont représentées en Algérie, à l'instar de Komatsu, Volvo, Hyundai, John Deere ou Hitachi.Toutes ces marques aspirent à remplir leur carnet de commandes. Mais combien seront-elles à assurer pleinement un service après-vente efficace. C'est à ce niveau que la décantation se fera. Ne resteront actives que les marques qui auront déployé tout un réseau de service après vente.