La rencontre de Genève, qui a réuni, jeudi, les Occidentaux et l'Ukraine, d'un côté, la Russie de l'autre, a débouché sur un accord qui, à court terme, éviterait à l'ancienne république soviétique un « éclatement certain ». Les principaux belligérants se sont mis d'accord sur le désarmement des groupes armés illégaux et l'évacuation des bâtiments occupés, les rues, les places et tous les lieux publics. La mission de surveillance de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), plusieurs fois ajournée, sera chargée d'aider les autorités ukrainiennes à mettre en œuvre ces mesures et une amnistie est prévue « pour ceux qui respecteront les dispositions de l'accord » à l'exception de « ceux qui sont coupables de crimes de sang ». Le président Obama n'a pas caché ses doutes sur les perspectives d'une amélioration de la situation en Ukraine après la signature de l'accord. « J'espère que nous verrons une application (de l'accord) dans les prochains jours, mais je ne pense pas qu'on puisse compter dessus, étant donné ce qu'on a vu par le passé », a-t-il souligné. Son secrétaire d'Etat John Kerry a, lui, mis en garde Moscou contre toute remise en question de ce deal. A défaut, Washington procédera à davantage de sanctions. S'il a salué l'accord, Kerry a réaffirmé que les Etats-Unis n'ont pas renoncé à leur position, notamment concernant la Crimée. Les craintes des responsables américains ne sont pas sans fondement : les séparatistes de la « république de Donetsk » ne se sentent pas « liés » par l'accord de Genève. Ils ont déclaré que le document n'a pas « été signé en (leur) nom » et maintiennent leur intention d'organiser un référendum sur l'autonomie. Néanmoins, sous les pressions de Moscou, ces derniers ont accepté d'évacuer les bâtiments qu'ils occupent, mais non sans conditions. « Les autorités pro-européennes de Kiev doivent d'abord quitter les bâtiments qu'elles occupent illégalement après leur coup d'Etat », a estimé Denis Pouchiline, un des « ministres » du gouvernement de cette « république » autoproclamée. Le ministre russe des Affaires étrangères, Serguei Lavrov, s'est voulu, quant à lui, rassurant. Il a affirmé que son pays n'a « aucun désir » d'envoyer des troupes en Ukraine. « Cela serait contre nos intérêts fondamentaux », a-t-il assuré. Discours nettement prudent du chef de la diplomatie ukrainienne Andrii Dechtchitsa pour qui l'engagement de la Russie « sera un test ». « On verra si Moscou veut aider à la stabilité de cette région. Il est important que ces mesures commencent à être appliquées. Les deux ou trois prochains jours seront cruciaux », a-t-il indiqué.