Le Vieil-Alger a, de tous temps, été convoité par les empires d'Europe. Depuis le règne romain sur la Méditerranée, la citadelle n'a eu de cesse à se protéger contre les envahisseurs. Bologhine Ibn Ziri, venu à la rescousse, s'imposa comme le premier concepteur d'une cité protégée «La mahroussa». On lui reconnaît aujourd'hui le génie militaire d'avoir subtilement érigé les sept portes d'Alger entourant la citadelle. La venue des Ottomans, respectueux de ce fameux système de défense avait pérennisé le schéma sous un mode architectural de la «sublime porte». Au seuil de ces magnifiques portes, la légende s'y prête pour raconter la passionnante histoire de la «Mahroussa» et ses entrées. Bab Azzoun, la porte de la victoire tint en échec Charles Quint, l'empereur des chrétiens qui signa en lettres de fureur, la débâcle des assaillants Bab El Oued, baptisée ainsi pour l'oued de Bouzaréah qui vient épancher son cours en ce quartier populaire depuis la nuit des temps. Bab El Oued, la porte de l'oued qui raconte la légende d'Alger était la porte de la mort, parce que donnant sur les cimetières, deviendra le faubourg des gens vaillants au cœur intrépide. Parler aussi de Bab El B'har, la porte de la mer et du Soleil levant s'ouvrant sur l'immensité marine et accueillant bateaux et caravelles aux soutes emplies de marchandises venues des quatre coins du monde. Bab El Dzira, la porte de l'île seuil de la terre aux mouettes ayant alimenté toutes les fables et récits fantastiques sur sa côte sauvage et impénétrable. Dans cette image féerique, le décor se refait dans l'imaginaire pour retrouver les acteurs qui ont évolué dans le faste d'une cité jalousement gardée. Sur la place de la régence, les conteurs prennent le soin de déclamer la majesté de cette ville. Sur la grande place embaumée de musc et de benjoin, la légende nous transpose aux pieds des remparts, pour nous faire découvrir un coffre en bois de cèdre, sept clés d'argent et d'émail que le conteur débite le long de son long récit. Il déclama pour lui-même : «Dire, comme un poème Bab El Kettar veillant sur les âmes et les gisants et Bab El Djdid, la Porte Neuve, porte-bonheur et également Bab El Casbah. Seuls demeurent les noms mythiques des portes sentinelles, protégeant la légende d'Alger la lumineuse».