Abdelaziz Bouteflika a été réélu pour un quatrième mandat avec un taux de 81,53%. 8.332.598 voix se sont prononcées pour lui. Les résultats préliminaires ont été communiqués, hier, par le ministre d'Etat, ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, Tayeb Belaïz lors d'une conférence de presse. Abdelaziz Bouteflika est suivi de Ali Benflis avec 12,18%, pour 1.244.918 voix, de Abdelaziz Belaïd (3,36%, soit 343.624 voix), Louisa Hanoune (1,37%, 140.253 voix), de Ali-Fawzi Rebaine (0,99%, 101.046 voix) et de Moussa Touati (0,56%, pour 57.590 voix). Le taux de participation a été de 51,7%. Ces chiffres n'intègrent pas le vote de l'émigration dont le traitement des données obéit à une autre procédure. Belaïz a expliqué qu'une commission a été chargée d'élaborer un procès-verbal exhaustif incluant l'ensemble des bureaux de vote à l'étranger, à transmettre directement au Conseil constitutionnel, habilité à annoncer les résultats définitifs de cette élection présidentielle. Le ministre a estimé que le vote s'est déroulé dans de bonnes conditions. Et que le peuple a tranché en toute liberté, sans la moindre pression. A l'exception de quelques incidents mineurs qui n'ont pas impacté la consultation. Cette réussite a été possible, aux yeux du conférencier, grâce à l'engagement de l'ensemble des parties concernées par le processus électoral, les agents et les cadres de l'administration, les membres des commissions de surveillance et de supervision mais aussi les éléments des services de sécurité. Sans omettre de mettre en relief le sens de responsabilité des partis et des candidats qui ont largement contribué au succès. « L'opération a été marquée par des pratiques démocratiques, loin de toute violence physique ou verbale », s'est-il félicité. Avant d'égrener les résultat, Tayeb Belaïz est longuement revenu sur les préparatifs du rendez-vous, s'attardant sur les principales étapes du processus, le dispositif réglementaire mis en place et la campagne électorale, marquée par « une saine compétition ». Que les incidents mineurs relevés, au demeurant, propres à une telle compétition ne peuvent entacher. Ce sont tous ces facteurs réunis qui ont engendré un « climat approprié » pour la tenue d'une élection présidentielle « libre et transparente ». « Trouvez-moi ce malin qui peut frauder » « La réussite de cette grande opération déterminante pour l'Algérie est aussi un succès de la démocratie », ajoutera-t-il, dans le sillage d'un hommage appuyé à toutes les parties qui se sont impliquées dans la bataille. Il considérera, ce faisant, que c'est dans l'ordre naturel des choses, dans une compétition quelle qu'elle soit, que le vaincu soit déçu et conteste les résultats. Il rappellera seulement qu'il s'est engagé devant le parlement sur la neutralité et l'égalité dont ferait preuve l'administration envers tous les candidats. S'en est suivie, rappelle-t-il, l'instruction présidentielle qui intime aux walis, aux chefs de daïra et à tous les fonctionnaires concernés par l'opération électorale de s'astreindre à une obligation d'impartialité. Le ministre de l'Intérieur précisera, ensuite, en réponse aux déclarations de certains candidats sur des présomptions de fraude, que tous les procès-verbaux de dépouillement des voix ont été remis à tous ceux qui les ont demandés. Et sont affichés, comme le prévoit la loi, dans les bureaux de vote. Difficile de prouver les accusations de fraude généralisée avancées par un candidat. Il arguera que le dispositif de surveillance qui se complète, outre les représentants des candidats, avec les membres des commissions de surveillance et de supervision (composée de magistrats), est d'une étanchéité qui rend difficile toute tentative de truquage. « S'il se trouve un malin qui peut tricher avec un tel arsenal, trouvez-le moi pour le féliciter », a-t-il ironisé. L'état a le devoir de protéger les biens et les personnes En réponse à une question sur les velléités de recours à la rue, Tayeb Belaïz a rappelé les missions régaliennes de l'Etat qui a le devoir d'assurer la sécurité des biens et des personnes, qu'« aucun ne peut ignorer, sous peine de transgresser la loi ». « En vertu de l'article 24 de la Constitution, l'Etat est tenu de protéger les personnes et les biens. Personne n'a le droit de violer les lois de la République ni d'attenter à une personne physique ou morale ni aux biens », a-t-il notamment dit. Il fera preuve, cependant, de mansuétude à l'égard des associations qui manifestent pacifiquement dans le cadre balisé par la loi. « Nous sommes en démocratie et la liberté d'expression est garantie », se gardant de fustiger les partisans de boycott qui défendent « une position politique qui est la leur ». Le taux de participation ne surprend pas le ministre qui note que la participation au vote recule partout dans le monde citant l'exemple d'un pays voisin dont le taux de participation aux municipales n'a pas dépassé les 38%. Ce n'est pas propre à l'Algérie. « C'est un phénomène sociologique qu'il faut analyser ». Encore que pour l'Algérie, des facteurs exogènes, comme la situation dans la région, les conséquences du « printemps arabe », l'instabilité de certains pays voisins et les menaces extérieures qui pèsent sur le pays, peuvent avoir des incidences sur le comportement électoral des votants. Au vu de cette conjoncture, le taux de 51,70% est jugé important. A l'observation d'un journaliste qui pense déceler plus de nationalisme chez les habitants du sud du pays qui votent plus nombreux que leurs compatriotes du nord, le ministre de l'Intérieur, réfutant cette grille de lecture, a rétorqué que « nul ne peut prétendre détenir le monopole du nationalisme ». Et que « tous les Algériens sont égaux. On ne peut faire la distinction entre les régions du pays. Se tromperait fort celui qui croit pouvoir désunir un jour le peuple algérien ou porter atteinte à l'unité du pays ». L'essentiel, a-t-il ajouté, est dans « le dévouement au service du pays ».