En l'absence d'une politique nationale de lutte contre les infections nosocomiales, les hôpitaux algériens restent sans défense contre certains virus et bactéries qui peuvent être mortels. Une situation qui préoccupe les experts au point d'en faire, hier, à l'université Saâd-Dahleb de Blida, le thème d'un séminaire, à l'initiative de l'Association des sciences médicales Ibn-Sina. Le but de cette rencontre est d'échanger leurs expériences dans ce domaine. « Nos hôpitaux sont devenus des souks tellement les va-et-vient sont incessants, sans motifs valables parfois », ont constaté la plupart des spécialistes, entre soignants et épidémiologues. Outre les visiteurs qui sont des porteurs potentiels de microbes, le personnel médical a également sa part de responsabilité du fait des négligences dans la stérilisation des matériels et équipements médicaux. Pis, le personnel médical est le facteur numéro un de l'émergence des maladies nosocomiales. La Pr Wahiba Amhis, microbiologiste et chef de service à l' »tablissement hospitalier public de Bologhine (Alger), tire la sonnette d'alarme. « Les statistiques de l'Organisation mondiale de la santé indiquent que 40% des infections sont provoquées par les urines. En Algérie, par contre, les infections sont souvent associées aux soins », a-t-elle observé. Et pourtant, ces infections coûtent cher à la société, a rappelé la présidente du Comité national des experts, chargé de l'hygiène hospitalière et des infections associées aux soins. La Pr Amhis, qui indique que la lutte contre les infections associées aux soins (IAS) constitue la priorité du programme de santé d'un pays, signale aussi que le contrôle microbiologique de l'air est fortement négligé dans nos hôpitaux. « Les travaux interminables dans les hôpitaux, l'eau, les aliments et autres aspects constituent une niche à microbes, surtout en présence de la faïence, matériau pourtant déconseillé dans les hôpitaux », a-t-elle précisé. Elle cite les agents microbiens comme le virus VIH, l'hépatite B et C, la grippe et les bacilles Gram négatif, qui sont les microbes les plus résistants aux antibiotiques. « On peut contracter une tuberculose facilement dans un service de soins si un patient est porteur de virus. C'est pour cette raison que le nettoyage, la désinfection et la stérilisation des dispositifs médicaux sont plus que nécessaires », a expliqué le Pr Amhis. Pour le Dr Mohamed Yousfi, responsable du service infectiologie à l'hôpital de Boufarik, le problème des infections dans les milieux hospitaliers est, selon lui, dû à un manque de volonté politique pour éradiquer ce phénomène qui infeste nos hôpitaux et met en danger la vie des patients. « En 2014, l'Algérie n'a pas encore des données sur les infections nosocomiales. On peut faire juste des estimations dans telle région ou tel hôpital pour dire qu'il y a un nombre précis de contaminations, mais on n'a pas de données à l'échelle nationale », a-t-il signalé. Lors des débats, une intervenante de l'hôpital de Douera a évoqué un autre problème : les soins à domicile. Leur multiplication est devenue, à ses yeux, inquiétantes et constitue un facteur de contamination. Pour conclure, les communicants ont attesté qu'il n'est pas toujours aisé d'éviter les infections nosocomiales. Il est, par contre, tout à fait possible d'en limiter la fréquence et la gravité, en respectant de simples règles d'hygiène comme surtout le lavage régulier des mains.