« Nous sommes pour le principe de l'organisation d'une session de rattrapage pour les candidats au baccalauréat, mais nous ne sommes pas d'accord sur les conditions fixées par la tutelle », a précisé, hier, le secrétaire général du Conseil des lycées d'Algérie (CLA), Idir Achour. Tout en précisant que son syndicat est « disposé » à participer à la réunion qui aura lieu prochainement pour débattre de la question, Achour estime nécessaire de prendre en considération deux points essentiels dans l'application de cette mesure. La première condition concerne les efforts fournis par le candidat et son comportement durant l'année scolaire. « Cette mesure devrait bénéficier aux élèves qui ont obtenu une moyenne générale de 10 sur 20 et fait preuve d'assiduité durant l'année scolaire », a-t-il précisé. L'accès à l'examen de rattrapage doit être élargi, selon le CLA, aux candidats ayant obtenu une moyenne située entre 9 et 9,99 et non pas entre 9,5 et 9,99, comme l'a suggéré la tutelle. « Il faut élargir la catégorie des candidats qui vont bénéficier de cette mesure car il faut tenir compte du contexte psychologique du candidat appelé à passer un examen national d'une grande importance », a expliqué Achour Idir. L'autre motif avancé par ce syndicaliste est la nécessité de lutter contre la violence au sein des établissements scolaires, l'absentéisme et l'indiscipline. « C'est la meilleure manière d'amener les élèves à avoir un meilleur comportement durant l'année scolaire et à respecter le règlement de l'école publique », a-t-il indiqué. La prise en compte des moyennes obtenues par le candidat durant les 1re et 2e années secondaires n'est pas nécessaire. « Il est inutile d'introduire cette condition vu que la moyenne de passage au palier supérieur est de 10 et est obligatoire pour tous les élèves », a-t-il estimé. L'avis du Conseil national autonome des professeurs d'enseignement secondaire et technique (Cnapest) est diamétralement opposé à celui du Cla. Le syndicat de Larbi Nouar estime que « la session de rattrapage du bac n'est pas la priorité de l'heure et ce n'est pas le véritable problème du secteur ». « Ce n'est pas le moment de faire ce genre de déclaration, à quelques semaines de cet examen », a estimé Messaoud Amraoui, porte-parole du syndicat. La prise d'une décision aussi importante doit être précédée d'une consultation de l'ensemble des acteurs concernés à travers l'organisation de journées d'étude et de conférences pour débattre de la faisabilité de la chose. « Nous sommes contre les décisions qui viennent d'en haut », a-t-il dit, soulignant que « le principe de la deuxième session figure parmi les nombreux problèmes soulevés par les syndicats du secteur ». Pour le Cnapest, les problèmes qui nécessitent des solutions urgentes sont « le seuil du programme, toujours pas réglé, l'absentéisme et la violence qui gangrène les établissements scolaires et l'instauration de la fiche de synthèse pour une meilleure évaluation des élèves ». Le Syndicat autonome des travailleurs de l'éducation et de la formation (Satef) abonde dans le même sens et parle de « décision de replâtrage » qui intervient en faveur des élèves qui passeront leur examen en juin prochain. « Cette mesure sera-t-elle effective durant toutes les prochaines années ou est-elle conjoncturelle, visant à remédier aux problèmes survenus cette année ? », s'est interrogé Saâdali, secrétaire général du Satef. Pour lui, la session de rattrapage « peut s'avérer obligatoire dans certaines régions comme Ghardaïa où les candidats n'ont pas suivi un cursus normal. Ce n'est pas le cas pour les autres régions où aucune interruption de scolarité n'a été constatée ». Saâdali estime « nécessaire » de tirer les leçons des événements que connaît l'école algérienne aujourd'hui et de se mettre au travail pour instaurer de l'ordre. « Il est important de tisser un partenariat sérieux avec les partenaires du secteur pour entamer un véritable dialogue visant à trouver des solutions aux problèmes posés dont la mise en place d'un véritable système d'examination permettant de sélectionner les élèves qui pourront faire un cursus universitaire réussi », recommande-t-il.