Le président Bouteflika prêtera serment aujourd'hui. L'article 75 de la Constitution prévoit, en effet, que le Président nouvellement élu doit accomplir cette formalité dans la semaine qui suit la proclamation des résultats de l'élection présidentielle par le Conseil constitutionnel. Il le fera devant le peuple et en présence des représentants des hautes instances de l'Etat. La cérémonie solennelle se déroulera au Palais des nations. Sitôt après, le Président réélu entre en fonction. Et s'ouvre un nouveau chapitre dans l'exercice du pouvoir dans le cadre du mandat conféré par les électeurs le 17 avril, quatrième du genre pour Bouteflika. C'est aussi un nouveau programme politique et socioéconomique qui se déclinera sur cinq années. Auparavant, un nouveau gouvernement verra le jour, avec pour mission, précisément, de traduire en actes, les projets annoncés. Et de mener à leur terme ceux en exécution. Au-delà de l'identité du Premier ministre, le challenge est de tendre à matérialiser l'objectif de l'amélioration des conditions de vie des citoyens. Et de conforter durablement les valeurs qui fondent la stabilité. A ce titre, les réformes politiques projetées et les pistes identifiées pour redresser l'économie revêtent une importance stratégique au vu du contexte régional et mondial. Au plan politique, la notion de deuxième République sera suivie avec curiosité. Quels sont les mesures qui la rendront visible et à quelle finalité elle devra tendre ? Nous savons, au travers de la campagne électorale, que le processus de sa construction passe par la révision de la Constitution, laquelle interviendra avant la fin de l'année en cours. Et qu'elle devra organiser la transmission générationnelle de l'exercice du pouvoir. Le passage du flambeau aux élites post-indépendance déroule, ce faisant, un pendant, celui de séculariser les libertés politiques et l'indépendance de la justice. Le renforcement des institutions, pour se prémunir contre la bourrasque des vents contraires que pourraient inspirer « le chaos constructeur » ou « le printemps arabe », outre la redéfinition de l'architecture du système politique, conduira à élargir le rôle des élus. Et à doter les partis politiques d'un meilleur statut. Ceci est de nature à générer une plus value dans le système de contrôle, indispensable dans la lutte contre les comportements déviants et la moralisation de la vie publique. Lors de ses meetings, Abdelmalek Sellal, le directeur de campagne de Bouteflika, n'a-t-il pas signifié que « la deuxième République » escomptée, bannira « toutes formes liées à l'injustice, l'exclusion, la bureaucratie et la corruption ». Le versant économique du « programme du renouveau », avait-on souligné, se décline en une amorce d'une nouvelle dynamique de croissance devant toucher tous les segments du développement. Avec comme point de mire, l'amélioration de la croissance hors hydrocarbures, et son corollaire, la lutte contre le chômage et la création d'emplois. Si les chantiers sont immenses, les attentes ne le sont pas moins.