Photo : Lylia M. Même les partis politiques en conviennent. Aujourd'hui, sans la télévision, ils deviendraient pratiquement inaudibles et prêcheraient dans le désert. Cela est un des aspects les plus visibles des immenses attentes de la société envers ce média. Pas seulement les politiques. Même les simples citoyens rêvent d'un passage à la télévision. L'impact de celle-ci est perçu comme un sésame qui réglerait maints problèmes. C'est le baromètre de la vie politique et sociale dans le pays où la presse écrite a moins d'impact que ce média qui s'introduit dans les foyers. Les pouvoirs publics semblent avoir pris la mesure des déficiences constatées ces dernières années pour tenter de redonner un nouveau souffle à « la petite lucarne ». Les téléspectateurs ont en effet constaté ces derniers jours de nettes améliorations au niveau surtout du journal de 2O heures qui reste un grand rendez-vous fédérateur. Au grand bonheur de beaucoup d'entre eux, ils redécouvrent un journal qui reflète avec bonheur la vitalité de la société. L'expérience a été tentée dans le passé. Quand la télévision renoue avec les accents de vérité, elle se réconcilie avec son public qui se montre par conséquent moins réceptif aux médias d'ailleurs. Il ne s'agit pas d'ouvrir « le robinet » des récriminations mais de permettre aux journalistes de ce média public de ne pas tourner le dos aux pulsations et difficultés de la société. Parler, pour reprendre les mots du ministre de la Communication qui traduisit les orientations du président de la République, « des réalisations mais aussi des problèmes des citoyens ». Certes, beaucoup d'améliorations ont été apportées au paysage audiovisuel avec la mise en place de chaînes thématiques et la modernisation des équipements. Cela resterait insuffisant sans la présentation d'un contenu qui ferait la part belle à la réalité vécue par les citoyens. Le temps est venu de faire de cette télévision un outil de formation et de saine critique. Le rôle des médias n'est pas de servir un discours convenu, fade mais d'être le miroir de la société. Les dérives constatées au sein de la presse écrite ces dernières années et une violence politique qui a tétanisé la société ont retardé, non sans quelque raisons, l'avènement d'une nouvelle ère favorisée aujourd'hui par l'apaisement observé sur tous les fronts. C'est une vieille et saine règle du journalisme de croire, pour reprendre le bon mot de Beaumarchais, que « sans la liberté de blâmer, il n'y a point d'éloges flatteurs ». Croire que seule l'ouverture du paysage aux privés garantit la crédibilité est un leurre. L'existence d'un service public performant et surtout crédible peut constituer un pas vers les retrouvailles définitives entre les Algériens et leur télévision. Celle qui évoquerait tout à la fois leurs ambitions et leurs déceptions.