Si des violences s'étaient produites ces dernières semaines dans l'est de l'Ukraine, elles sont inédites pour Odessa, autre ville russophone, d'un million d'habitants, où 43 personnes ont péri et 174 autres blessées au cours d'affrontements entre des manifestants pro-européens et séparatistes pro-russes. Selon le ministère Intérieur ukrainien, les violences ont commencé lorsqu'un défilé de partisans de Kiev (1.500 personnes) a été attaqué par des militants pro-russes casqués, à coups de matraques, de chaînes métalliques, de pierres et d'explosifs. Dans la soirée, les pro-russes se sont barricadés dans la Maison des Syndicats, qui a pris feu dans des circonstances peu claires alors que le bâtiment était assiégé par les pro-européens : 31 personnes sont mortes des suites d'une intoxication à l'oxyde de carbone ou en sautant par dessus les fenêtres. Devant cette dangereuse escalade, le Conseil de sécurité s'est réuni en urgence, vendredi soir, à la demande de Moscou, sans qu'une décision n'ait été prise en raison des divergences qui séparent Russes et Occidentaux. L'occasion a été pour le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon d'exprimer son « inquiétude » et de renouveler son appel à « toutes les parties à faire preuve d'un maximum de retenue ». Selon son porte-parole, Stéphane Dujarric, Ban Ki-moon a décidé d'envoyer le SG adjoint aux affaires politiques Jeffrey Feltman la semaine prochaine à Moscou et à Kiev « afin de promouvoir une désescalade et un règlement pacifique de la crise ». Au cours de la séance, l'ambassadeur russe Vitali Tchourkine a appelé le gouvernement ukrainien et ses soutiens (occidentaux) à « mette fin à ces opérations punitives » dans l'est ukrainien. « Nous leur demandons de ne pas commettre une erreur fatale et de réfléchir aux conséquences de leurs actions », a-t-il mis en garde. Mais c'est la déclaration du porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov qui laisse craindre l'embrasement du pays, voire une guerre civile. « La Russie a désormais perdu son influence sur (les milices et gens armées dans le sud-est) parce qu'il sera impossible de les convaincre de désarmer et d'arrêter la résistance dans le contexte de la menace directe pesant sur leur vie », a-t-il expliqué en soulignant que son pays « ne sait pas encore comment réagir à la crise en Ukraine ». Ces violences signifient, d'après lui, que la Russie n'est pas à même de faire baisser le niveau de tension dans la région. Cette situation empêcherait, selon le responsable russe, la tenue de la présidentielle anticipée prévue le 25 mai en Ukraine qui serait, dit-il, « absurde ». Peskov n'a pas manqué de rappeler que « des milliers » d'habitants du sud-est russophone de l'Ukraine sollicitent publiquement et officiellement l'aide de la Russie. Craignant tout aussi l'enlisement, les Etats-Unis ont appelé, via le département d'Etat, la Russie et l'Ukraine à « restaurer l'ordre » après les violences « inacceptables » et à ouvrir une enquête. Sur un autre registre, le représentant spécial du président russe, Vladimir Loukine, a annoncé, hier, la libération des inspecteurs militaires de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), retenus depuis la semaine dernière dans la ville de Slaviansk .