Les observateurs de l'Osce libérés hier à Slaviansk Slaviansk et la ville voisine de Kramatorsk sont l'objet depuis vendredi matin d'une opération militaire «antiterroriste» de l'armée ukrainienne. Les observateurs de l'OSCE retenus par des russophones de Slaviansk (est) ont été libérés hier, mais la Russie a estimé que la violence croissante qui affecte l'Ukraine ne permettra pas la tenue d'une élection. L'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) a confirmé à Vienne que les membres de son équipe étaient désormais libres après huit jours de détention à Slaviansk, bastion des russophones. Les circonstances de leur libération, annoncée par l'émissaire russe Vladimir Loukine à Slaviansk, n'étaient pas connues dans l'immédiat. «Toutes les 12 personnes figurant sur ma liste ont été libérées», avait simplement déclaré M. Loukine aux agences russes dans la matinée. «Nous sommes heureux d'être enfin sortis, et nous allons bien, compte tenu des circonstances», a déclaré l'un des observateurs libérés, le Colonel Axel Schneider, au journal allemand Bild. «Nous allons maintenant quitter Slaviansk avec l'envoyé spécial russe et nous espérons que nous pourrons alors quitter Donetsk pour rentrer au pays, en Allemagne, aussi vite que possible», a-t-il ajouté. L'équipe était composée de sept étrangers (un huitième avait déjà été libéré dimanche) et de quatre Ukrainiens. Slaviansk et la ville voisine de Kramatorsk sont l'objet depuis vendredi matin d'une opération militaire «antiterroriste» de l'armée ukrainienne qui s'est déjà soldée par la mort de cinq soldats ukrainiens, selon le chef des opérations «antiterroristes» Vassil Kroutov. Côté russophones, un bilan faisait état vendredi de cinq morts, trois rebelles et deux civils. «La phase active de l'opération s'est poursuivie à l'aube, nous ne nous arrêtons pas», a annoncé le ministre ukrainien de l'Intérieur, Arsen Avakov. Vendredi avait déjà été la pire journée de violences pour l'Ukraine depuis le 21 février, lorsque les forces de l'ordre avaient ouvert le feu sur les manifestants pro-européens du Maïdan à Kiev, tuant plusieurs dizaines de personnes. Au moins une cinquantaine de personnes sont mortes, dont 42 dans un incendie et dans des affrontements dans la ville portuaire méridionale d'Odessa. «A Odessa, des gens désarmés ont été brûlés vifs hier», a accusé de son côté hier le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov. «Il est évident que, sous la Constitution actuelle, pendant des opérations militaires, un raid punitif et des meurtres de masse, il est pour le moins absurde de parler d'élections», a-t-il ajouté, alors qu'une élection présidentielle anticipée est prévue le 25 mai pour élire le successeur de M.Ianoukovitch. «Nous ne pouvons malheureusement pas exprimer nos condoléances aux autorités de Kiev, puisque les autorités de Kiev n'existent pas en tant que telles», a souligné M.Peskov, dont le pays n'a jamais reconnu le gouvernement intérimaire arrivé au pouvoir après la chute de M. Ianoukovitch. Le porte-parole du président russe a aussi averti que la Russie n'est plus capable de faire baisser le niveau de tension dans l'est de l'Ukraine. «La Russie a désormais perdu son influence sur (les milices et gens armées dans le Sud-Est) parce qu'il sera impossible de les convaincre de désarmer et d'arrêter la résistance dans le contexte de la menace directe pesant sur leur vie», a déclaré M.Peskov. Les Etats-Unis ont pour leur part renvoyé dos à dos Kiev et Moscou, leur intimant de «restaurer l'ordre» après ces violences «inacceptables». «Nous appelons les deux parties à travailler ensemble à restaurer le calme, la loi et l'ordre», a indiqué le département d'Etat américain. Le président américain Barack Obama avait auparavant mis en garde Moscou contre de nouvelles sanctions «sectorielles», si l'élection présidentielle prévue en Ukraine le 25 mai devait être perturbée.