Kiev a lancé hier un assaut sur la ville russophone de Slaviansk, qui risque de donner lieu à un développement dangereux de la situation en Ukraine L'Ukraine a lancé hier à l'aube une opération militaire sur le bastion russophone de Slaviansk, perdant deux soldats et s'attirant une réponse furieuse de la Russie, pour qui Kiev court tout droit à la «catastrophe». En rapport avec le développement dangereux de la situation à Slaviansk, la Russie a demandé hier une réunion d'urgence du Conseil de sécurité de l'ONU sur la situation en Ukraine qui devrait se tenir en fin de matinée à New York, ont indiqué des diplomates. La demande russe est motivée par «la grave escalade de la violence dans l'est de l'Ukraine» et la réunion sera publique, ont-ils précisé. Cette rencontre sera la treizième depuis le début de la crise ukrainienne, aucune des précédentes réunions formelles ou séances de consultations n'ayant abouti à une prise de position commune du Conseil sur ce dossier. L'Ukraine a lancé hier à l'aube une opération militaire sur le bastion russophone de Slaviansk, perdant deux soldats mais occasionnant plusieurs morts dans les rangs des assiégés, selon les autorités de Kiev. Selon le ministère de l'Intérieur, l'armée a pris le contrôle de neuf check-points qui étaient auparavant aux mains des russophones. Dans les villages autour de Slaviansk, les militaires ukrainiens ont été accueillis avec hostilité par la population locale qui leur a crié de «rentrer chez eux» et a tenté de bloquer les routes à leurs blindés. Les autorités ukrainiennes exigent des «terroristes» russophones qu'ils «libèrent les otages, déposent leurs armes et quittent les bâtiments», a indiqué le ministre ukrainien de l'Intérieur Arsen Avakov, qui se trouve sur place avec le ministre de la Défense Mikhaïlo Koval et le commandant de la Garde nationale. Deux militaires ukrainiens ont été tués et deux hélicoptères ont été abattus avec des lance-roquettes portables au cours des premiers combats, selon le ministère ukrainien de la Défense. La Russie, que Kiev et l'Occident accusent de téléguider le mouvement russophone, a vivement réagi à l'annonce de l'opération militaire, qu'elle a qualifiée de «raid de représailles» et de «coup de grâce à l'accord de Genève» péniblement conclu à la mi-avril entre Moscou, Kiev et les Occidentaux. «Le recours à l'armée contre son propre peuple est un crime qui mène l'Ukraine à la catastrophe», a lancé le ministère russe des Affaires étrangères, affirmant que des «étrangers parlant l'anglais» avaient appuyé les militaires ukrainiens lors de l'opération. En soutenant les autorités de Kiev, «les Etats-Unis et l'Union européenne prennent une grande responsabilité et bloquent de facto la voie à une solution pacifique de la crise», a-t-il accusé, concluant: «Nous exigeons fermement que l'Occident renonce à sa politique dévastatrice envers l'Ukraine». Slaviansk fait partie de la douzaine de villes de l'Est ukrainien actuellement sous contrôle des russophones mais la situation y est particulièrement sensible en raison de la présence dans la ville d'une équipe d'observateurs de l'OSCE, retenus sur place par les russophones depuis une semaine. Les négociations pour obtenir la libération des 11 hommes (7 étrangers et 4 Ukrainiens) n'ont rien donné jusqu'ici. Elles se trouvent dans «une phase très sensible», a prévenu hier à Berne le ministre allemand des Affaires étrangères Frank-Walter Steinmeier. Le Kremlin, pressé par les Occidentaux ces derniers jours d'intervenir en leur faveur, a annoncé hier avoir dépêché il y a plusieurs jours déjà un émissaire, Vladimir Loukine, pour participer aux négociations sur leur sort. A Slaviansk même, la population, qui s'est réveillée au son du canon et du tocsin, a fébrilement entrepris de se préparer, érigeant des barricades de fortune dans les rues. Des membres des groupes d' «autodéfense» en tenue de camouflage se sont déployés près de la mairie autour de deux blindés légers ravis le mois dernier aux forces ukrainiennes.