Les architectes algériens sont qualifiés pour l'éco-construction, de même pour les travaux de restauration et de réhabilitation des bâtiments publics avec des matériaux de construction locaux. C'est ce qui ressort des communications données, mercredi dernier, lors d'une journée technique sur « l'architecture et l'urbanisme en Algérie », en marge du 17e Batimatec. D'ailleurs, la plupart des architectes participants ont présenté des projets réalisés. Dans sa communication intitulée « le revers de la médaille », Lotfi Zeroual, un jeune architecte, a présenté le processus de conception et de réalisation d'un projet de bâtiment. Il est longuement revenu sur le rôle de suivi du maître d'ouvrage qui « est fondamental, notamment concernant la qualité du bâti ». Il dira que « le revers de la médaille, c'est quand le maître d'ouvrage joue à l'architecte en dessinant lui-même le projet ». « C'est un fiasco », a souligné le conférencier. Exemple : le projet de réalisation d'un immeuble en plein centre d'Alger qui a été complètement « déformé » par le maître d'ouvrage lors de la construction. « Cette situation a poussé le cabinet d'architecture à se retirer du projet », a signalé Zeroual. Dans le même sillage, l'architecte Rafik Belamane a plaidé pour une collaboration entre le maître d'ouvrage et le maître d'œuvre pour la réalisation de tout projet. Dans sa communication intitulée « Quand le travail de l'architecte est respecté », il a mis en exergue le rôle de l'architecte et sa mission, notamment dans le projet de réalisation de logements pour un promoteur privé. « La mission n'est pas facile. On a des difficultés avec les services techniques, notamment le CTC et la Protection civile », dira le conférencier. De son côté, l'architecte spécialisé dans la réhabilitation et la restauration, Samia Slimani, est revenue sur la réhabilitation des bâtiments publics qui « constitue une nouvelle préoccupation ». Elle a présenté, à l'occasion, le projet de restauration du lycée Okba à Alger qui « s'inscrit dans un projet global concernant les dix plus anciens établissements implantés à Alger ». Elle a assuré que les architectes algériens sont qualifiés pour mener ce genre de travaux. « On fait appel à des architectes étrangers, notamment des Italiens, pour la restauration et la réhabilitation, sous prétexte de la non-disponibilité d'architectes qualifiés et spécialisés alors qu'il existe chez nous une main-d'œuvre et des matériaux locaux pour cela », a-t-elle assuré. Hasna Hadjilah, représentante du SYNAA, (Syndicat national des architectes agréés algériens), a évoqué la problématique de la commande d'architecture en Algérie. « Vu le programme de constructions et le nombre record d'exposants au salon Batimatec, on est amené à croire qu'il existe une commande d'architecture, mais c'est faux », affirme-t-elle. L'architecte Mohamed Larbi Merhoum a plaidé pour « une participation réelle dans la production du bâti » de la corporation. Retour aux sources dans l'éco-construction Les architectes algériens sont-ils qualifiés pour l'éco-construction ? « Ils sont formés en la matière », assure Rafik Belamane, dans une déclaration à Horizons, en marge de cette journée technique. « Tous les architectes sont formés au niveau de l'Ecole polytechnique d'architecture sur les techniques de l'éco-construction qui prennent en compte le vent, l'ensoleillement, l'isolement énergétique », précise-t-il. Pour lui, on a fait de l'éco-construction un « phénomène de mode alors qu'il faut réellement se pencher sur cette question pour éviter les erreurs commises dans d'autres pays, à l'exemple de la France ». L'architecte dira que « la difficulté en Algérie vient de la rudesse du climat ». A cet effet, il a plaidé pour le retour aux sources. « A Ghardaïa, par exemple, des habitations ont été construites sans plan architectural mais avec du bon sens. On plaide pour un label éco-construction qui réponde au bon sens », observe-t-il.