à un regard de la Crimée indépendante, visitée en grande pompe par le président russe Poutine, célébrant, dans le port d'attache de la flotte russe de la mer Noire, Sébastopol, la victoire sur le nazisme, la fièvre indépendantiste s'empare de l'Ukraine. Le message de Poutine, concédant à la vieille Europe des gestes d'apaisement, plaide à la fois la « fidélité à la vérité histoire » pour la Crimée et le report du scrutin pour les « Républiques de l'Est ». Le président russe a également consenti aux exigences de retrait des 40.000 soldats qu'il a massés à la frontière. La guerre froide plombe le climat de tensions permanentes entretenues par le bras de fer entre Moscou et l'Occident mobilisé pour faire barrage à la « violation flagrante de la souveraineté ukrainienne » et décidé de faire échec au référendum des Républiques orientales, jugé illégal, auquel il entend substituer l'élection présidentielle du 25 mai déclarée légitime. Paradoxes ? Du précédent de la Crimée aux scrutins de tous les enjeux, l'Ukraine est happé par la spirale de la violence. Face à l'« opération antiterroriste », déclenchée il y a une semaine par Kiev aux abords de la localité de Slaviansk, la riposte ne s'est pas fait attendre. Après les succès symboliques de Slaviansk âprement défendue et de Marioupol reprise des mains de l'armée ukrainienne, l'attaque du siège local de la police de Marioupol et les incidents de Donestk soulignent la détermination des séparatistes à mener à bon port le rêve indépendantiste. C'est dire que le référendum, prévu aujourd'hui, des « Républiques populaires » de Donestk et Lougansk (7,3 millions d'habitants au total sur les 45,5 millions que compte l'Ukraine), ouvrant la voie à un rattachement à la Russie, ne s'annonce pas de tout repos. Tournant le dos à la demande de report de la Russie, les insurgés veulent réussir la consultation référendaire dénoncée par les Occidentaux redoutant de voir se reproduire un scénario similaire à la Crimée et menaçant, par ailleurs, Moscou de graves « conséquences » en cas d'empêchement du scrutin présidentiel du 25 mai devant permettre l'élection du successeur du pro-russe Viktor Ianoukovitch, destitué fin février. D'un scrutin à l'autre, le paradoxe ukrainien caractérise la seconde guerre froide en gestation.