« Le président Bouteflika a bien expliqué sa méthode. Il est question de remettre à la classe politique les propositions formulées par la commission technique chargée de la révision constitutionnelle en vue d'étudier ce projet et de faire d'éventuelles propositions pour l'enrichir », a expliqué Mme Nouara Djaffar, porte-parole du RND. « C'est exactement ce que nous allons faire au RND dès la réception de ce projet. Notre parti a toujours soutenu les réformes politiques menées par le chef de l'Etat », a-t-elle souligné. Pour elle, la révision de la loi fondamentale du pays « sera profonde » et concernera « la pratique et la scène politique » allant dans le sens de la construction de la démocratie. « C'est pour cela que la classe politique doit être consciente des défis internes et externes. Il faut faire passer les intérêts du pays avant les intérêts personnels », a-t-elle précisé. A ceux qui critiquent la démarche la considarant comme un remake du travail fait par la commission Bensalah, Mme Djaffar signale que ces consultations constituent « un nouveau pas dans le cadre des réformes ». Le FLN, pour sa part, estime que la révision constitutionnelle est « nécessaire » pour l'unité du peuple et du pays. « Nous allons donner des avis et formuler des propositions en préservant ce qui a été fait auparavant », a souligné Saïd Bouhadja, responsable de la communication du parti. La priorité à prendre en charge dans ce projet est « la question identitaire et linguistique ». L'ex-SG du FLN, Abdelaziz Belkhadem, avait, en 2011, fait des propositions à la commission Bensalah sans se prononcer sur le régime politique et les mandats présidentiels. « Nous allons défendre le régime semi-présidentiel avec le renforcement des prérogatives de l'APN, une redéfinition de la relation entre le Conseil de la nation et l'APN et l'attribution des prérogatives au Gouvernement chargé d'exécuter le programme du Président », a précisé Bouhadja. A propos de la limitation des mandats présidentiels, il estime que « cela ne pose pas de problème » dans la mesure où « c'est le peuple qui choisit et sait à qui il faut renouveler ou non sa confiance ». Le Parti pour la liberté et la justice (PLJ) dit « attendre une invitation officielle » sur le lancement des débats sur la révision de la Constitution. « On n'a pas encore reçu d'invitation. Les choses ne sont pas encore claires sur la démarche et la manière de faire. Nous attendons de voir mieux, afin d'examiner la chose au sein des instances du parti et trancher quant à notre participation », a indiqué Mustapha Hamissi, responsable de la communication au PLJ. Il évoque aussi la démarche à suivre, remise en cause par l'opposition. « Le président du parti a pris part aux consultations lancées en 2011 et a soumis des propositions écrites », a-t-il rappelé, notant que « la démarche doit être également débattue puisque beaucoup de partis rejettent le fait que c'est le pouvoir qui consulte et c'est lui qui décide ».Les partis politiques et personnalités nationales formant l'opposition se sont déjà manifestés sur la question en exprimant leur refus de prendre part à ces consultations. « Notre problème ne concerne pas les personnes mais la démarche et le timing », a expliqué Sofiane Djilali, président de Jil Jadid, et membre de la coordination nationale pour les libertés et la transition démocratique. La coordination revendique « un vrai débat » mené par « une commission paritaire » qui a « force de décision ». « Pour nous, la révision constitutionnelle est une question de fond et l'opposition ne peut participer qu'à un projet qui reflète les vraies aspirations de tous les courants », a-t-il indiqué. Sofiane Djilali précise que les conclusions de la conférence nationale, que la coordination va tenir à la fin du mois en cours, « vont être transmises par écrit à la présidence de la République et porteront des propositions sur une sortie de cette situation ». L'Union pour le changement et le progrès (UCP) va convoquer le bureau politique d'ici la fin de la semaine prochaine pour trancher la participation aux consultations politique. Toutefois, Mme Zoubida Assoul, sa présidente, relève que ces consultations prennent la même forme que celles de 2011 et que le seul changement apporté est celui concernant les personnes chargées de les mener. « Il ne s'agit pas de changer les personnes mais plutôt la manière d'aborder les problèmes politiques », a-t-elle affirmé. L'idéal, selon elle, aurait été d'organiser une rencontre nationale pour débattre avec tous les partis politiques et les acteurs de la société civile des modalités de la modification de la loi fondamentale du pays. « Je crois que nous avons raté l'opportunité d'opérer un vrai changement attendu en Algérie », a-t-elle regretté. L'UCP a déjà débattu la question de la révision constitutionnelle et a formulé des propositions. Les priorités sont la redéfinition de la mission de l'Etat, la séparation et l'équilibre des pouvoirs et l'indépendance de la justice.