Les arguments ne manquent pas pour les partis qui revendiquent le renvoi de cette révision. Le président du Front de l'Algérie nouvelle (FAN), Djamel Benabdessalem, précise que son parti plaide pour le report, affirmant que la révision de la Constitution « doit être profonde, globale pour servir les intérêts de l'Etat nation et non pas ceux des personnes ». Pour Sofiane Djilali, président de Jil Djadid, le report de la révision constitutionnelle après l'élection présidentielle est « une évidence » pour éviter « de dénoyauter » la Loi fondamentale du pays de son sens et de son contenu. « Notre Constitution n'est pas parfaite. Elle nécessite de profonds remaniements. Cela doit se faire d'abord par les anciens dirigeants de ce pays et en collaboration avec la classe politique car cela est une affaire d'Etat et non de personnes uniquement », réitère-t-il, en estimant que « ce n'est ni le moment ni la conjoncture pour faire passer ce projet d'une importance capitale ». Le Parti des travailleurs (PT) avait été l'une des premières formations politiques à avoir proposé de surseoir à la modification de la Loi fondamentale. « Notre position est dictée par le souci de l'ouverture d'un débat politique général, permettant à chacun de donner sa vision et sa projection sur le régime politique qu'on doit instituer en Algérie », indique le porte-parole du parti de Louisa Hanoune, Djelloul Djoudi. Chose que souhaite également Djamel Benabdessalem qui estime « nécessaire » d'intégrer dans le processus de révision constitutionnelle, l'ouverture d'un débat politique national avec l'implication des acteurs de tous les courants politiques et des spécialistes en droit constitutionnel. Reste que le président du FAN s'interroge sur l'issue des propositions formulées par les partis politiques concernant l'aspect relatif à la révision constitutionnelle, relevant « un manque de transparence » dans l'élaboration du nouveau texte. Même reproche fait par Sofiane Djilali qui qualifie les discussions menées auparavant sur les changements politiques « de comédie ». « Il n'y a eu aucun véritable débat politique sur la question », relève-t-il. Pour lui, c'est qu'actuellement, et à l'approche de ce rendez-vous, « personne ne sait où se trouve la première mouture de la révision constitutionnelle ». Le président de Jil Djadid estime que la commission des experts en droit constitutionnel a pour mission de « donner la forme juridique à des décisions politiques, prises auparavant par des acteurs de la scène politique ». Cela ne peut être atteint qu'après avoir « trouvé un consensus politique autour de la nature de l'Etat qu'on veut instaurer et de ses institutions démocratiques ». PT : Le Parlement n'est pascrédible pour voterla Constitution Selon M. Djoudi, la révision de la Constitution ne peut pas passer par l'actuel Parlement, « non habilité et n'ayant pas les qualifications nécessaires pour voter un texte d'une telle importance ». Pour lui, « il n'y a jamais eu de débat sur la révision constitutionnelle », dans la mesure où les consultations politiques lancées il y a quelques mois, concernant les réformes politiques, se sont traduites pas l'élaboration d'une série de textes de loi déjà en vigueur.Le PT, qui a également plaidé pour la mise en place d'une Constituante pour formaliser la révision de la Constitution, a critiqué le procédé engagé. « On a toujours dit qu'il fallait commencer par la révision de la Constitution avant de procéder à la révision des autres textes de loi qui régissent la vie politique », soulignant « l'échec des réformes politiques puisque les nouveaux textes appliqués ont révélé des défaillances ». RND et MPA : C'est au Président de décider La question de la révision de la Constitution n'est même pas soumise au débat au RND. « La révision constitutionnelle relève des prérogatives du présidentde la République. C'est lui l'initiateur et c'est à lui de décider du moment propice pour présenter ce projet », dira le porte-parole du parti, Nouara Djaffar. L'approche de la présidentielle, qui devrait intervenir en avril, n'est pas un argument suffisant pour pousser le parti à prendre une quelconque initiative. « Le Président sait ce qu'il fait », précise Mme Djaffar. « S'il considère que le temps ne permet pas le déroulement des deux rendez-vous (révision constitutionnelle et élection présidentielle), il prendra une autre décision et il est le seul habilité à le faire », souligne-t-elle. Même position exprimée par le Mouvement po-pulaire algérien (MPA). « La révision de la Constitution se décide en fonction de l'agenda du président de la République », estime Mohamed El Mourou, conseiller du parti. « Ce qui importe pour nous c'est le contenu du nouveau texte et non le contenant », souligne-t-il. MSP : La stabilité du paysen jeu Le Mouvement de la société pour la paix (MSP) fait partie des formations politiques favorables au report de la révision. « Il n'est pas normal de réviser la Constitution avant la présidentielle », estime Farouk Tifour, porte-parole du parti. « S'il y aura révision, cela voudra dire qu'elle va être orientée, programmée et se fera sur mesure. Une action qui va porter un coup dur à la crédibilité des élections alors que les partis politiques militent pour avoir des garanties sur la transparence et la neutralité du prochain scrutin à même d'assurer des réformes et surtout une stabilité au pays », observe M. Tifour. PLJ : Ce n'est pas bénéfique « Nous sommes contre l'amendement du dernier quart d'heure » a martelé M. Hamissi, chargé de communication du Parti de la liberté et de la justice (PLJ). « Nous considérons que le moment n'est pas adéquat ». Le parti de Mohamed Saïd argumente sa position par le fait que « cette façon de faire n'est pas bénéfique à la stabilité politique en Algérie ». Le PLJ rappelle les réformes politiques initiées par le président de la République qui devaient aboutir sur la révision de la Loi fondamentale du pays. « Mes ce processus a été rompu on ne sait par qui ni pourquoi », signale Mustapha Hamissi. La formation de Mohamed Saïd défend l'idée d'une consultation de la classe politique « afin d'élaborer une Constitution consensuelle nécessaire pour une stabilité politique d'au moins 50 ans ». Le PLJ estime que la révision de la Constitution doit intervenir à l'issue d'un processus qui commence par « la présentation d'un avant-projet de révision de la Loi fondamentale, l'ouverture d'un débat avec les partis politiques pour confectionner, en dernière étape, la mouture finale ». Il rappelle que le Président a ordonné la consultation des chefs des partis politiques. « Mais il n'y a eu aucune suite ».