C'est une dame énergique, déterminée et qui n'a pas perdu une once de son intrépidité. Ce courage qui lui a fait prendre comme d'autres jeunes filles le chemin des maquis algériens pour rejoindre les moudjahidine. L'Union générale des étudiants musulmans algérien (UGEMA), la grève des étudiants le 19 mai 1956, l'engagement militant dans les rangs du FLN et une famille nationaliste qui lui a légué la flamme patriotique, qui d'ailleurs l'habite toujours. De son père, elle garde le souvenir de celui-ci qui haranguait les jeunes militants à s'initier au maniement des armes s'ils devaient rejoindre les frères dans les djebels. Etudiante à la Fac D'Alger, elle a été la première élue du bureau exécutif de la section d'Alger au sein de l'UGEMA en 1955. En fait l'UGEMA avait fait un travail de fond auprès des étudiants algériens qui se solidarisaient avec le peuple et les forces agissantes. Zoulikha Bekaddour quittera Alger le 19 mai 1956 pour rejoindre la wilaya V où elle rencontra le docteur Nekkache. Dans la clandestinité elle y restera pour être chargée du secrétariat de la direction de cette wilaya. Le 11 novembre de cette même année elle sera arrêtée avec une autre jeune femme européenne. Dans les locaux de la police elles subiront des actes de torture et autres épreuves pour être ensuite transférées à la prison d'El Harrach le mois d'août 1957. Menacée par «La main rouge» , organisation liée aux services secrets français et chargée d'éliminer les militants indépendantistes d'Afrique du Nord, Zoulikha Bekaddour est prise en étau entre son assignement à résidence et les intimidations du bras armé du contre-espionnage français. Une lettre envoyée au journal l'Express par le biais d'un journaliste, lui apportera le soutien nécessaire. La jeune fille se retrouve à Paris puis rejoint la Tunisie via la Suisse. Elle reviendra en Algérie à l'indépendance. La réfection de la Bibliothèque Universitaire incendiée par l'OAS sera son objectif premier. Elle s'y engagera comme pour son militantisme premier. Déblaiement des gravats, récupération du capital livresque, acharnement à redonner vie à l'enceinte universitaire, Zoulikha Bekaddour voit naître sa vocation. Un appel qui la mènera à être conservateur en chef de la B.U. du 1er mai 1965 au 8 mars 1986. Deux dates symboles marqueront l'entrée de Mme Bekaddour à la BU et sa sortie. Elle en a engrangé de beaux souvenirs depuis ces années de feu jusqu'à aujourd'hui. On ne se lasse pas d'écouter cette dame qui parle avec ferveur de ces années ardentes et de celles qui ont suivi. La Bibliothèque universitaire l'accompagne toujours, comme une deuxième vie.