Evoquer Azeffoun, c'est parler de la beauté et de la splendeur. Evoquer Azzefoun c'est aussi le faire avec le nom d'illustres hommes de lettres et de culture, des sportifs et des révolutionnaires encore vivants ou disparus. Parler d'Azefoun c'est rimer avec le Qcid de Boudjemaa El Ankis qui retrouve son inspiration dans le village de ses aïeux à Ait Arehouna. Voir Azeffoun, c'est admirer les tableaux de Issiakhen qui, d'un coup de pinceau du haut de sa Taboudoucht natale, immortalise le bleu de la mer et les couleurs du paysage qui s'étale devant vos yeux dès la crête de Aghribs achevée. Vivre à Azeffoun c'est rimer avec les vers de Djaout dont la tombe à Oulkhou est toujours fouettée par les vents de la mer pour le bercer comme il le faisait du temps de son vivant où avec ses amis il descendait sur la plage de Sidi Khelifa pour y composer ses poèmes. Ecouter les ressacs des vagues sur les galets et criques s'est entendre le rire de Rouiched. Faire une trempette du côté de Sidi Khelifa est aussi rafraîchissant que les opérettes des frères Mohamed et Said Hilmi dont les échos vous parviennent du haut de l'ancien village où ils ont toujours leur maison ancestrale qu'ils fréquentent chaque été pour fuir le tumulte de la capitale. Prendre le large avec une barque à partir du port aujourd'hui agrandi pour rejoindre le « Petit paradis » dont le nom est assez évocateur devant la beauté du site, les vagues vont feront danser sur les airs endiablés de Mohamed Allaoua. Au « Petit paradis », une fois la nuit tombée, vous prenez le dernier livre de Bachir Hadj Ali que vous lirez à la belle étoile en écoutant les morceaux choisis de El Hadj Mrizek et le son de son tar, de Abderrahmane Aziz et sa voix mélodieuse ou encore de Hnifa la diva. Au petit matin vous vous réveillerez avec, dans les oreilles, le gazouillis des oiseaux qui évoque les partitions de Iguerbouchène et devant vos yeux des images à jamais fixées dans votre subconscient comme l'auraient fait Mustapha Badie et Mohamed Ifticène avec leurs caméras. L'art en prime En abordant une autre fois la descente vers la Grande Bleue à partir des Aghribs, c'est la voix chaude de El Hadj M'hamed El Anka qui vous accompagnera, à partir de Tagarcift, avec ses Qasidat sous la direction de Omar Mekraza que Abdelkader Chercham et Hamidou ont reprises avec leurs voix sensuelles. A quelques milles du centre-ville vous allez faire une halte sur les galets juste à côté du petit pont qui vous mènera droit au petit village de Tardieu (aujourd'hui Melatha) où la ferme coloniale trône toujours. Un endroit que Mohamed Fellag affectionnait particulièrement. Il aimait à taquiner avec ses potes de la cité des Genêts de Tizi-Ouzou le sar et la dorade. Là, Fellag aimait à taquiner aussi ses amis en exprimant sa fierté d'être originaire de la région comme le faisait aussi le grand Hacène Lalmas dont le dribble rageur n'a point d'égal. En fait de là où vous aborder la côte Azeffoun, vous êtes accompagné par un artiste, un chanteur et autres auteurs. C'est dire que la région de Azeffoun a donné naissance à ces hommes et femmes qui ont marqué de leur empreinte l'histoire culturelle de l'Algérie et mais aussi de la révolution avec Ourida Medad, Didouche Mourad, Yacef Saadi et Yacef Omar (Petit omar) originaires de cette région. Alors qu'aujourd'hui ce sont les frères Haddad et leur groupe ETRHB qui font sa fierté au plan économique et social. Azeffoun, à travers son histoire, a toujours suscité l'émerveillement et surtout son énigme quant à l'origine de son nom mais que le temps et l'âge n'ont point altéré. Azeffoun pour certains, elle tient son nom du berbère « Uzzuf » qui veut dire colline conique isolée. Pour d'autres le nom est tiré d'une fleur et d'autres enfin soutiennent que Azeffoun veut dire le point convergent des quatre vents qui soufflent sur la Méditerranée. Peu importe, Azeffoun reste Azeffoun. Même si les Romains qui avaient été devancés par les Phéniciens dont la vielle ville garde encore quelques beaux restes, l'avaient baptisée au nom de Razasus et dont les vestiges sont encore présents à travers l'enceinte du vieux village ou encore ce temple dédié à un de leurs seigneurs gouverneur de la région, Azeffoun a été très prospère. Ou encore avec Port Gueydon nom donné par les Français en hommage à l'Amiral Louis Henry de Gueydon qui fut le premier gouverneur de l'Algérie sous la IIIe République, Azeffoun est un haut lieu d'histoire que l'association culturelle Ruzasus tente restaurer et surtout de préserver les monuments qui ont marqué cette histoire au même titre que l'autre association la plus active aussi, celle de Ivahriène, qui s'attelle à mettre à jour les vestiges datant des périodes phénicienne et romaine retrouvés à Ait Arhouna. Un havre de paix Il reste enfin que la ville d'Azeffoun est une ville où l'on cultive le paradoxe. En effet, comment interpréter cette indigence culturelle au cours de ces nuits d'été où l'animation culturelle est quasi absente si ce n'est ces soirées DJ animées au niveau de la piscine de l'hôtel Le marin. C'est la réflexion d'un confrère originaire de la région qui s'est offusqué de cette absence d'animation à Azeffoun qui ne dispose pas de salles de spectacle ou autres sites à même d'accueillir ces soirées et de dire « comment une ville comme Azeffoun, qui a vu naître de grands noms de la chanson et de la culture algérienne, puisse être triste le soir. C'est le comble de Azeffoun ».En attendant, Azzefoun attire toujours autant de monde et reste attrayante à plus d'un titre. Azeffoun, on ne s'en lasse jamais. Au contraire, elle est si envoutante qu'elle vous ensorcèle et fasse de vous un accro de sa beauté. Elle est surtout ce havre de paix où le citadin vient étancher sa soif de détente et d'évasion dans ces endroits féeriques que seule la bêtise humaine pourrait enlaidir.